Les Conteurs du Ponant

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RELIGIONS L5A

Manuel d’introduction
vendredi 15 juillet 2011 par Riddle

LE BOUDDHISME

Les quatre nobles vérités

1 La souffrance - Dukkha

Cette première vérité repose sur une simple constatation froide et implacable : le monde est souffrance (dukkha). Cette souffrance ressentie par le sujet est la conséquence nécessaire de l’existence individuelle. Dukkha, qui sera utilisé tout au long de ces pages, est bien entendu beaucoup plus qu’une simple souffrance physique ou morale. Dukkha signifie aussi inachevé, imparfait, interrompu, impermanent. Sous cet aspect d’impermanence, dukkha s’applique à toutes les manifestations du monde physique, psychologique et mental. L’impermanence c’est le caractère transitoire de toute chose : une idée advient puis conduit à une autre ou disparaît, un sentiment désagréable fait place à un sentiment agréable et réciproquement, un être naît, grandit, vieillit et meurt, la matière au contact d’autres éléments se combine sous d’autres formes d’organisation dans un vaste processus de transformation, ... Ce ne sont pas seulement les choses négatives qui sont dukkha, mais tout ce qui est impermanent, plaisir et déplaisir sont dukkha, jouissance et restriction sont dukkha, appropriation ou renoncement sont dukkha. Dukkha a donc trois acceptations : la première est la souffrance en tant que telle, la seconde est l’interruption de conditions ou d’états heureux, la troisième est le conditionnement d’une chose par une autre (conception développée dans la théorie des cinq agrégats). En effet, si la vision des événements au travers de l’analyse suivant les cinq agrégats permet déjà une meilleure compréhension de leur prégnance et des mécanismes à l’œuvre sur le sujet, c’est parce qu’ils sont des agrégats d’attachement.

2 La cause de Dukkha est l’attachement

Le moteur principal de dukkha c’est la soif de l’existence. Le bouddhisme insiste bien sur le fait que la souffrance n’est pas le fruit d’une quelconque fatalité, ni l’expression d’une volonté divine aveugle ou punitive. Il y a dukkha quant il y a manque, quand il y a volonté d’obtenir, quand il y a perte ou interruption de jouissance, quand il y a inobtention de ce qui est voulu. La notion d’attachement est importante, car elle montre bien le lien et la dépendance d’une chose sur une autre. Il suffit, pour une raison ou pour une autre, que ce lien ne s’établisse pas, ou qu’il s’interrompe ou que l’une ou l’autre des choses liées disparaisse, pour qu’il y ait dukkha. Cet attachement concerne aussi bien le désir des sens, les éléments matériels que les idées, les idéaux, les pensées, les théories ou les croyances.

3 Dukkha cesse quand l’attachement cesse

Il ne s’agit pas de rompre ou de briser brutalement l’attachement aux choses, il ne s’agit pas non plus de le nier ou de le rejeter, il ne s’agit pas de renoncer ou d’abandonner le monde pour s’enfermer dans une vie pure, mais abstraite. Il s’agit de se mettre à l’abri de la souffrance en identifiant les processus de causalité à l’œuvre dans toutes nos actions et en particulier ceux qui conduisent à dukkha. La cessation de dukkha ne peut être durablement obtenue que par l’identification et la compréhension rigoureuse des processus de causalité. Il s’agit d’un travail de connaissance du monde, mais surtout de connaissance de soi. Il ne s’agit pas d’être coupé du monde, mais au contraire de dévoiler le mécanisme de causalité qui fait le monde.

4 La méthode pour la cessation de dukkha

La voie du bouddhisme prône la connaissance. Si elle est appelée troisième voie, c’est parce qu’elle se situe entre-deux extrêmes, constitués d’un côté par l’unique jouissance des sens physiques et de l’autre côté par l’auto éradication de toute forme de sensualité par l’observation de pratiques ascétiques et de nombreux interdits. La visée du bouddhisme est plus haute que la simple cessation de dukkha, et entend arriver à une libération complète de la souffrance. Cette réalisation consiste à ne pas se placer dans une causalité subie. Ayant identifiée la provenance et le but de nos sentiments, actes ou attirances, le sujet agit de manière à contrôler, orienter les effets de son action et de ce fait parvient à éviter la souffrance. Cette voie est appelée l’octuple noble sentier.

L’octuple noble sentier ou la voie du milieu

1 La compréhension juste

sammâ ditthi Il s’agit de la compréhension dans toutes leurs implications des quatre nobles vérités. Il s’agit de la mesure du sujet qui peut se mettre non pas en retrait du monde, mais simplement à distance.

2 La pensée juste

sammâ sankappa  La pensée est entendue comme un effort en soi et comme une action en puissance. La pensée s’inscrit également dans l’enchaînement des causes et des actions. Aussi bien les pensées négatives sont des réactions inadaptées aux problèmes rencontrées, aussi bien elles n’engendrent que des conséquences aussi négatives sinon plus.

3 La parole juste

sammâ vâcâ La parole est une dépense d’énergie et s’inscrit immédiatement dans un réseau complexe de significations et d’interprétations. Chacun a pu mesurer la portée de mots mal placés (et pas nécessairement malveillants) et les conséquences de paroles non explicites, mal comprises, mal énoncées. Naturellement les paroles blessantes, humiliantes, insultantes, vulgaires et grossières sont à éviter et à proscrire.

4 L’action juste

sammâ kammanta Là encore chacun peut comprendre au quotidien les effets d’actions (ou le défaut d’actions appropriées) se faisant au détriment de soi-même, des autres ou de l’intérêt général (la société occidentale actuelle en est d’ailleurs le triste reflet).

5 Les moyens d’existence justes sammâ âjiva

De tous temps, le bouddhisme s’est illustré dans une longue tradition non violente, proscrivant toute activité commerciale reposant sur l’asservissement ou la destruction.

6 L’effort juste

sammâ vâyâma L’effort juste, c’est l’idée d’un certain travail à accomplir sur soi pour mettre en oeuvre les sept autres voies vers la cessation de dukkha. Il ne s’agit pas de s’anesthésier du monde ni de fusionner avec le monde, mais bien d’être soi-même.

7 L’attention juste

sammâ sati Avec l’attention juste et la concentration juste on pénètre dans un champ sémantique qui fait référence à la pratique de la méditation. L’attention juste c’est précisément de ne pas se faire absorber par ce qui vient du monde extérieur, de ne pas se faire ébranler ou heurter par ce qui vient du monde extérieur, mais simplement de noter que ce qui est extérieur quoi qu’il soit est justement définitivement et résolument extérieur.

8 La concentration juste

sammâ samâdhi La concentration juste renvoie à une technique de méditation particulière qui tend à mettre en application les quatre nobles vérités et l’octuple noble sentier au travers d’une connaissance rigoureuse des mécanismes sensoriels et cognitifs et qui vise à la sortie de l’enchaînement des causes et des effets.

La mise en pratique de ces dispositions ne consiste évidement pas à devenir un benêt, sympathique, souriant, naïf, réservé, passif, timoré et introverti. Non, c’est tout le contraire. Nota : sammâ est quelques fois traduit par droit (droite), parfait (parfaite) ou complet (complète). Ces traductions placent l’acception dans une échelle de valeur qui n’est pas tout l’enjeu de cette démarche. Le mot "juste", comme précis, comme nécessaire et suffisant paraît beaucoup plus approprié.

LE SHINTOÏSME

Autrefois, on disait que les Japonais naissaient shintô, vivaient en confucéens et mouraient en bouddhistes. Mais la vérité est autrement plus complexe...

Le shintô, religion d’état Le Shintoïsme est la religion indigène des Japonais, par opposition au bouddhisme venu de Corée et de Chine. C’est en fait un culte des kamis (plus de 800 millions de dieux et divinités dans le panthéon !), de source chamanique. Croyance de nature animiste, les kamis personnifient les phénomènes naturels (rivières, arbres, montagnes, rochers). Si tout mort devient potentiellement un kami, ces divinités habitent temporairement des objets en séjournant dans une enveloppe matérielle (shintai). Le shintô s’est d’abord manifesté par des rites de purification par l’eau (misogi) après le contact avec la mort. Le sang est considéré comme impur dans la religion shintô et les personnes ayant un contact avec le sang doivent obligatoirement se purifier avec de l’eau sous peine de malédictions. Il est vraisemblable également que les chamans, ou sorciers, furent avant tout des femmes. La mythologie du shintô fut retranscrite dans le Kojiki et ensuite dans le Nihon Shoki au VIII° siècle. Dans le Jingiryô, on retrouve le principe fondamental de la création de l’univers, qui n’a rien de spécifiquement japonais mais semble hérité de la Chine.

La cosmogonie shintô "De l’œuf premier naît le ciel et la terre et d’autres divinités. Le premier couple divin, Izanami et Izanagi (frère et sœur), lance un éclair à partir de l’arc-en-ciel qui crée une île. Sur cette île, le couple divin incestueux dresse un pilier phallique qui permet la réunion du ciel et de la terre." Cette mythologie de la création du monde a une résonance shivaïque. Elle permet de distinguer le ciel et la terre et, de là, toutes les dualités qui conditionnent le monde : mâle et femelle, jour et nuit, positif et négatif, actif et passif, vivant et mort. Izanami et Izanagi créent le Japon, les kamis de la mer, des arbres et des montagnes. La création du kami du feu brûle le sexe d’Izanami qui en meurt. On retrouve cette légende également en Indonésie. Izanagi ensevelit sa sœur et tue le kami au moyen d’un sabre. Il se rend ensuite au yomotsu-kuni (royaume des ténèbres) pour demander à sa sœur de revenir. Après l’avoir vue grâce à la dent de son peigne qui illumine le royaume des ténèbres, il s’enfuit, poursuivi par sa sœur. Il ne lui échappe qu’en jetant entre elle et lui le peigne et une pêche. C’est en abandonnant ces éléments à la mort qu’Izanagi prend forme humaine. Le mythe lui donne, dans la rencontre avec la mort, le principe même de la sexuation, c’est à dire le pouvoir d’être mortel. Pour se purifier d’avoir rencontré la mort, en se lavant dans l’eau de la rivière, il fait naître d’autres divinités : de son œil gauche, Amaterasu divinité du Soleil, puis Tsukuyomi, divinité de la Lune, de son œil droit. Le mythe de la purification par l’eau est présent dans la plupart des sociétés agricoles.

L’expansion du Shintô

On peut imaginer que, dans le Japon primitif, il y eut successivement ou en même temps la réunion de différents types de croyances : un culte des esprits de l’eau , un culte solaire et un culte phallique. Les hommes de la période Yayoi mirent en place une culture dite humide. A la séparation du ciel et de la terre, ils substituèrent celle de l’eau et de la terre, le rôle de l’homme étant de séparer le mélange de la terre et de l’eau, c’est-à-dire la boue. On enfonce ainsi des pieux dans la terre. On peut imaginer que la terre, d’où s’élèvent les pieux, est un principe mâle, tandis que l’eau est un principe femelle. Ce serait donc la terre qui féconderait l’eau. On retrouve ici un certain nombre d’éléments indonésiens qui expliqueraient la nature et la provenance des immigrations qui eurent lieu pendant les longues périodes de peuplement du Japon. Le mythe solaire est peut-être d’origine sibérienne, mais il est à la fois temporel et religieux car il provoque ou protège les chamans dans leur transes. C’est grâce au soleil et à son pouvoir religieux que l’on peut être habité la nuit par les esprits.De ce principe est issu le mythe de la divinité de l’empereur, qui devient le grand chaman légitime du Japon. Les chamans se déguisaient en femmes et entraient en transe pendant les matsuri (fêtes rituelles shintô) devant un arbre sacré. Les transes des chamans ont donné lieu, sans doute assez tôt, à des formes de théâtre rituel telles que les kagura, à l’origine des grands manifestations théâtrales japonaises. La bataille d’Izumo et de Yamato se solde par un partage de la loi temporelle (Yamato et Ise) et des privilèges religieux (Izumo). Au sortir de la période Yayoi, mythes et légendes vont se télescoper et s’enrichir. Les Coréens, ou plutôt les peuples altaïques venant de la péninsule coréenne, arrivent avec leurs archers armés de sabres en fer. Ils auraient transité par le Kyushu et auraient conquis le Yamato en mêlant les cultes chamanistes des populations aborigène aux leurs. C’est ce qui a sans doute donné forme au Shintô, d’autant plus que ces archers purent imposer un type de société déjà fortement structuré. La naissance du Shintô correspond à celle du premier Japon historique. Même s’il s’est rapidement mélangé avec le bouddhisme, les japonais considèrent ce dernier comme une religion venue d’ailleurs. Ils essayèrent à plusieurs reprises de séparer le Shintô du bouddhisme, mais ils échouèrent jusqu’à la période Meiji. C’est en effet à la fin du XIX° siècle que le Shintô devient religion d’état. On peut le diviser en quatre types principaux :

1 Koshitsu, ou Shintô impérial.

2 Jinja Shintô, ou Shintô des sectes.

3 Kokka Shintô, ou Shintô d’Etat.

4 Minkan Shintô, ou Shintô populaire.

Les prêtres Shintô sont laïcs et suivent un enseignement spécial.

Les sanctuaires shintô L’architecture des sanctuaires Shintô diffère fondamentalement de celles des temples bouddhiques. Devant un sanctuaire se dresse toujours un portique (torii) : il indique la nature sacrée d’un lieu, tout comme les shimenawa (cordes de chanvre), les gohei (guirlande de papier plié en zigzag), les monticules de sel ou les sillons de graviers ratissés avec soin. Les piliers sont profondément enfoncés dans le sol (mythe phallique des origines). Le bâtiment principal (honden) est uniquement destiné à abriter les kamis. C’est un sanctuaire où les fidèles n’entrent pas. En face du honden se trouve souvent le hai-den, grand oratoire destiné aux cérémonies et réservé aux prêtres. La construction des sanctuaires se fait généralement dans des sites exceptionnels qui mettent en valeur la beauté naturelle de l’environnement.

Respect dans un sanctuaire Le bassin d’ablutions sert à se purifier avant de se présenter devant le kami. Une louche (hishaku) est mise à disposition pour se laver la bouche et les mains. On jette une pièces de monnaie dans une boites à offrandes. Puis on sonne une cloche ou on frappe plusieurs fois dans ses mains devant le sanctuaire afin d’attirer l’attention du kami. Enfin, le fidèle s’incline profondément en récitant une invocation. On peut aussi acheter des amulettes afin d’exorciser toutes sortes de craintes et superstitions (réussir ses examens, être bien portant…).



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