Les Conteurs du Ponant

Usages dans l’univers de L5A

Introduction à L5A

vendredi 15 juillet 2011 par Riddle

L’Empire d’Emeraude est une nation empreinte d’une multitude de traditions et la grande majorité de ses habitants en maîtrisent les bases essentielles. Ces traditions incluent non seulement les aspects religieux et spirituels mais aussi et surtout l’apparence que chacun montre aux autres. Les tabous et les attentes sociales des rokugani ne sont pas les mêmes que celle d’un occidental du 21ème siècle et si elles s’inspirent sensiblement de certains comportements typiquement japonais, une petite mise en garde s’avère nécessaire : Rokugan possède autant de points communs avec le Japon réel qu’un monde médiéval fantastique classique dans le jeu de rôle avec le Moyen-Âge occidental. Anachronismes, empreints à d’autres cultures et contresens abondent. Les gens qui connaissent bien la civilisation nippone trouveront L5A plutôt décevant sur ce plan tandis que les novices qui espèrent ainsi se familiariser avec la culture du Japon des samurai risquent de retenir de belles horreurs au milieu de choses plus proches de la réalité. On ne le dira jamais assez mais puisque ce point est éclairci, nous pouvons nous pencher sur les us et coutumes des rokugani.

L’Etiquette

Dans l’Empire d’Emeraude, l’apparence prime sur bien des choses. L’honneur individuel, le respect que les autres vous donnent qui en découle relèvent à la fois de votre position sociale mais aussi de la manière dont vous vous comportez. Si les représentants des castes inférieures ont un comportement sensiblement moins codifié et strict que celui des samurai, les normes sociales sont connues de tous et bien que de nombreuses variantes existent selon les clans, les personnes et les circonstances, elles obéissent à quelques principes généraux que vous trouverez plus loin.

Les rokugani sont des gens aussi expansifs que n’importe qui mais les heimin veillent à se comporter très poliment envers les samurai et ceux-ci cherchent constamment à prouver au regard des autres leur honneur. Pour ce faire, nombre d’entres eux adoptent un comportement qui aux yeux d’un étranger semblera allier une dignité parfois pesante et de rares éclats émotifs soigneusement contrôlés afin de passer pour de simples manifestations de sincérité un peu plus prononcées. Il y a des samurai trop fort en gueule ou vraiment asociaux mais fort heureusement, rares sont les occasions ou l’on confie à ces hommes des missions ou leurs travers pourraient s’avérer lourds de conséquences…

Sincérité et Vérité

A Rokugan, la vérité est importante mais elle passe au second plan derrière la sincérité. Ce ne sont pas tant les faits qui sont importants aux yeux des rokugani que l’honneur et le statut des personnes impliquées. Pour simplifier à l’extrême, si tuer un homme en combat loyal n’est pas forcément un acte banal ou dépourvu de connotations criminelles dans certains cas, le fait que le tueur soit un simple paysan ou un honorable samurai fait toute la différence parce que leurs motivations sont censées être justement différentes. L’exemple que nous venons d’évoquer ne doit pas être pris à la lettre mais simplement pour illustrer ce principe : celui qui agit et la manière dont il agit ont au moins autant d’importance voire même davantage que ses actes eux-mêmes. La justice rokugani et la coutume se basent sur ce principe et favorisent donc les gens bien nés dont la réputation est sans tâche vis-à-vis de leurs égaux apparemment moins honorables ou vis-à-vis des gens d’extraction plus modestes et aux motivations censément moins élevées. Cela ne veut pas dire que la preuve matérielle n’a pas d’importance mais que même lorsque les faits sont établis, on aura tendance à davantage considérer les motivations d’un samurai que celles d’un paysan. Les plaidoyers d’un accusé ne sont pas du tout écoutés de la même manière selon qu’il est heimin ou un samurai même si le crime est identique. D’une certaine manière, la loyauté peut (et même doit) s’accommoder de nuances comme le mensonge. Il ne s’agit donc pas tant de dire toujours la vérité que de dire toujours quelque chose que les autres considèrent comme vraisemblable. Le principe idéologique qui sous-tend cela est très simple : si quelqu’un a un rang supérieur au mien, c’est qu’il le mérite. Sa parole est donc plus "vraie" que la mienne. Mentir ouvertement n’est pas aussi simple bien évidemment mais on contestera beaucoup moins les déclarations un peu cousues de fil blanc d’un noble daimyo influent que le témoignage apparemment authentique d’un simple samurai de garde

Le souci de maintenir en permanence une certaine image de soi va de pair avec celui de préserver l’image publique des autres (à moins d’avoir l’intention de leur nuire). Les rokugani sont de fervents adeptes du vieil adage "pas vu, pas pris" et la plupart du temps, ils ignorent ou font semblant de ne pas remarquer les manquements à l’étiquette mineurs ou les comportements déshonorants tant qu’ils peuvent être aisément "oubliés". Tout comportement qui semble volontairement provocateur ou qui témoigne visiblement du peu de maîtrise de soi que possède son auteur est par contre prétexte à d’immédiates réprimandes, publiques si nécessaires. Là encore, il y a des différences considérables selon les individus, leurs origines et les circonstances mais disons que d’une manière générale, les choses se passent ainsi : les conventions sociales sont censées s’appliquer à tous, on "ne voit pas" les manquements les moins gênants mais cette tolérance apparente se transforme brusquement en rigidité extrême dés que l’on dépasse certaines bornes ou que l’on souhaite enfoncer son interlocuteur en le déshonorant en public par exemple. Evidemment, faire comme si on ne voyait pas certaines choses ne veut pas dire qu’on ne les mentionnera pas une fois que vous aurez le dos tourné… de même, arguer de ce principe de discrétion pour ne pas dénoncer un crime n’est pas du tout considéré comme valable aux yeux des magistrats. Le respect de ce qui passe pour la vie privée d’autrui ne doit pas être un obstacle au déroulement d’une enquête.

Le système idéologique

Le sacré et le profane marchent main dans la main dans l’Empire d’Emeraude. Une nation fondée par des demi-dieux dont les descendants essayent de se montrer les dignes successeurs. Notamment la notion de destinée, de karma, est cruciale et imprègne l’ensemble de la société. En résumant une fois de plus à l’extrême, on peut dire que les rokugani sont des gens relativement fatalistes : si les choses arrivent, c’est parce qu’elles devaient arriver. Ainsi, il est normal que les seigneurs soient forcément plus honorables que ceux qui les servent car ils sont à leur place. De même, il est normal que la vie d’un vassal n’ait aucune importance au regard de celle de son suzerain car chacun des deux a une importance différente sur le plan social mais aussi métaphysique. Une telle approche pourrait générer toutes les dérives fascisantes imaginables et d’une certaine manière, l’Empire n’est pas exempt d’arbitraire et de tyrannie. Les rebellions existent mais sont sauvagement réprimées car dans l’absolu, rien n’est censé se dresser contre "l’ordre naturel des choses". Evidemment, un joueur ne se sentira pas forcément à l’aise dans un tel système ou même s’il fait partie des 7% de la population issus de la noblesse, il n’est après tout à l’origine qu’un samurai parmi des millions d’autres. Un des aspects intéressants de L5A est justement de donner aux joueurs l’opportunité de se prononcer sur divers choix épineux : faut-il faire ce qui est juste ou ce qui est convenable ? D’ailleurs comment reconnaître ce qui est juste ? Et quand il y a deux manières d’agir apparemment équivalentes, laquelle sera la plus honorable, ou la plus indigne ? Outre ces problèmes éthiques, l’ordre social apparemment extrêmement rigide de Rokugan n’est pas dépourvu de certains "contrepouvoirs".

Le premier d’entres eux est la Confrérie de Shinsei, c’est-à-dire les moines. Bien qu’ils ne puissent exercer aucune responsabilité extérieure à leurs congrégations, ces individus sont les héritiers du système de pensée du Petit Maître, qui donne à chacun la possibilité de cheminer sur la route de l’Illumination. Et si le système social considère que les samurai de par leur naissance sont les plus avancés sur cette voie, le Shinseisme insiste pour rappeler que nul n’en est privé et qu’elle représente un moyen pour l’individu de prouver sa valeur y compris au regard des puissances célestes. Et ce quelles que soient ses origines… Les moines sont donc non pas des rebelles en puissance mais des gens qui peuvent se permettre de par leur statut de conseillers spirituels de rappeler aux samurai et plus généralement aux rokugani que les autres individus qui les entourent ont a priori tout autant de potentiel qu’eux sur le plan spirituel. D’ailleurs, certains courants monastiques vont jusqu’à rejeter le matérialisme, le raffinement et même l’érudition sous toutes ses formes en partant du principe qu’ils éloignent l’individu de sa véritable nature. Un aphorisme de Shinsei cher à de tels moines et qu’ils citent fréquemment est "pour l’oiseau dans le ciel, il n’y a pas de différence entre un samurai et un paysan". L’autre "système de sécurité" intégré est tacite et relève du grand "pacte" passé entre les mortels et les dieux à l’aube de l’Empire. La notion de suzeraineté à Rokugan s’accompagne de celle de responsabilité. Le seigneur est donc responsable du bien être de ses sujets de même que l’Empereur est le garant de la prospérité matérielle et spirituelle de l’Empire. Malheur au daimyo qui abuse de ses prérogatives et montre ainsi à ses pairs et supérieurs à quel point il déshonore son rang. Il ne s’agit donc pas tant de diriger que de guider. La notion est subtile et souvent utilisée de manière abusive mais elle est censée être immanente et omniprésente. C’est pour cela que l’on respecte ses aînés et ses supérieurs. Leur rôle est aussi de guider la nouvelle génération ou ceux qui sont sous leur responsabilité. Et lorsque celui qui a le pouvoir perd la face, son châtiment est souvent bien plus prompt et radical que lorsqu’il n’est qu’un heimin parmi bien d’autres. Cela ne veut pas dire que tous les samurai sont forcément "coincés" ou psychorigides mais que plus on occupe une place élevée dans l’ordre social et plus chaque mot que l’on prononce doit être rattaché à un ensemble qui forme un comportement honorable que nul ne doit pouvoir attaquer avec succès. Que l’on soit l’homme le plus noble du monde depuis Shinsei ou la dernière des ordures, tomber de son piédestal fait aussi mal quand on atteint le sol…

Règles de politesse

Mon

Le Mon est l’équivalent occidental du blason. Il est mis sur les armures des guerriers et sur le kimono des vassaux de la famille. Sur les champs de bataille, les guerriers ont toujours des drapeaux dans leur dos pour montrer son appartenance et éviter la confusion.

Respect

L’haleine : les gens polis ne souillent pas de leur haleine les personnes d’un rang supérieur au leur. Il en va de même des femmes vis à vis des hommes. C’est pourquoi les japonais ont l’habitude de tenir leurs éventails ou leur main près de leur bouche lorsqu’ils parlent ou rigolent. Cette règle s’étend de manière particulièrement drastique aux possessions de ces personnes. Pour symboliser le respect qu’ils ont de la hiérarchie, ils ont souvent des papiers exclusivement réservés dans leurs manches qu’ils mettent dans la bouche lorsqu’ils touchent ou manipulent des objets importants. De fait, un bushi qui prend soin de l’épée de son souverain mettra dans la bouche une boule de papier, un prêtre shinto, lui, le fera lorsqu’il manipulera un objet sacré. De même lorsqu’un bushi lit une lettre de son seigneur.

S’abaisser : Les individus bien élevés s’inclinent devant leurs égaux, mais s’agenouillent front contre terre devant leurs supérieurs. Le nombre de courbettes et la profondeur de celles-ci dépendent exclusivement du rang social du bénéficiaire. Les femmes s’inclinent toujours plus profondément. On s’agenouille également dans la rue, au passage d’un seigneur ou d’un noble et de leur suite. Si tel n’est pas le cas, l’impertinent le paie toujours de sa vie. De même en est-il aussi pour le Mikoshi (temple portatif) pendant les fêtes religieuses. Si on ne s’abaisse pas devant l’idole, alors les porteurs peuvent venir saccager la maison de l’impudent.

Hospitalité

Entrer dans une maison : Il existe plusieurs règles de courtoisie dans la maison au Nippon, du plus grand palais à l’humble chaumière. Une des plus familières aux Occidentaux concerne les chaussures, qui sont ôtées. En entrant dans une maison, les individus polis retirent leurs sandales et marchent en chaussettes. Les sols au Nippon ne sont pas cirés, ou lavés, mais sont balayés ou recouverts de tatami (nattes en paille) : la seule façon de les protéger de la dégradation et de la saleté de l’extérieur est de laisser ses souliers à la porte.

Chez un ami, un bushi retire son katana dans la salle d’entrée et le place sur le râtelier prévu à cet effet. Chez un étranger, le bushi pose son katana devant lui lorsqu’il s’agenouille sur le tatami. S’il est posé sur sa droite, de manière à ne pas pouvoir être dégainé facilement le bushi affirme implicitement qu’il a confiance en son hôte. S’il la pose sur sa gauche, il laisse entendre qu’il se méfie de son hôte ou que ce dernier doit se méfier de lui. Si l’invité passe dans une autre pièce ou même dans un autre coin de la salle où il se trouve, il emmène son épée. Le Wakisashi reste dans son obi, car il est trop court pour le gêner lorsqu’il s’agenouille.

Il est très impoli de poser le katana garde en avant, de manière à ce qu’elle soit face à l’hôte, car cela laisse entendre qu’il est trop maladroit avec cette arme pour s’en emparer et constituer un danger. Il est impoli de la part de l’hôte de porter des épées lorsqu’il reçoit un invité, mais elles se trouvent généralement non loin de là, sur leur râtelier.

Il est très impoli de marcher sur l’épée de quelqu’un au lieu de la contourner ou de la toucher sans la permission de son propriétaire. Les bushis dont les fourreaux se touchent par hasard dans les rues encombrées d’une ville dégainent souvent immédiatement et tentent de s’entre-tuer pour effacer l’insulte.

Lorsqu’un bushi entre dans un théâtre ou dans le quartier des geishas, il laisse ses épées à l’extérieur (à peu prés comme un Occidental laisse son manteau au vestiaire avant d’entrer dans une boîte de nuit).

Le Daisho

On parle quelquefois de l’épée d’un bushi comme de son Âme. Son katana et son Wakisashi sont généralement des dons de son seigneur, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de l’ancêtre qui les a reçus à l’origine. Perdre son épée ou se la faire voler est une honte qui ne peut être effacée que par le suicide.., ou la récupération de l’arme.

Parmi les Buke, il existe une courtoisie spéciale dans le port et le maniement des deux épées, une marque de rang. Tous les hommes de la caste des Buke ont le droit de porter un Katana et un Wakisashi, le « Daito » et le « Shoto ». Portés ensemble, cette paire d’armes est appelée le « Daisho » Tout insulte faite à l’épée est une insulte au porteur de l’arme et ne peut être vengée que par l’utilisation de l’épée. Même toucher le fourreau de l’arme d’un Bushi est une insulte entraînant un combat. Les rues surpeuplées peuvent alors se transformer en champ de bataille si deux guerriers, dont les fourreaux se sont heurtés quand ils se sont croisés, dégainent leur arme pour venger l’insulte.

Le Katana est porté dans la large ceinture du Buke. Quand il est porté sans intention d’être utilisé, le tranchant de la lame est orienté vers le sol. C’est un signe d’intention pacifique, car dégai¬ner en « Iaijutsu », une attaque soudaine, est impossible avec l’arme dans cette position. Porter l’épée avec te tranchant vers le haut est la position normale d’utilisation. Prendre l’arme et la tour¬ner en position de combat, en abandonnant la position « paisible », est considéré comme un geste de défi.

En présence d’un Daimyo, seuls ses gardes personnels et ses fidèles les plus éprouvés ont le droit de garder leur Katana. Une des plus grandes marques de confiance qu’un Daimyo peut accorder est le droit de venir en sa présence en étant complètement armé.

Les Japonais ont un mot pour désigner les têtes fraîchement coupées : ils les appellent Nantakubi. Dans les batailles importantes, un bushi peut couper la tête d’un ennemi célèbre. Il la plante sur son kozuken (un petit couteau qu’il garde dans le fourreau de son katana) et va la montrer à son général (de cette façon, il ne touche pas la tête directement et n’est donc pas souillé par le sang. Il n’aura pas besoin d’aller se purifier dans un sanctuaire shinto). Les têtes d’individus réellement célèbres sont conservées dans des boîtes spéciales. On les montre par la suite à leurs partisans ou à leurs proches pour les convaincre qu’ils sont bien morts.

Cette coutume impose aux bushis de prendre un soin tout particulier de leur tête avant une bataille. Ils parfument leurs cheveux avec de l’encens, noircissent leurs dents ou les brossent soigneusement pour s’assurer qu’elles seront blanches et pas jaunes. Beaucoup de jeunes bushis, craignant qu’après leur mort on ne confonde leur tête avec celle d’une femme, se laissent pousser la moustache.

Comme le dit une chanson enfantine “Mon voisin Senmatsu était à la guerre d’Omi.

Un an passa et il ne revint pas. Deux ans passèrent et il ne revint pas. Trois ans passèrent et sa tête revint”.

La fabrication de sabres

Il y a à peu près une demi-douzaine de personnes impliquées dans la construction d’un sabre. Le forgeron s’occupe de la lame. Il commence avec un acier traditionnel appelé Tamahagane et plie et replie le volume d’acier au marteau un certain nombre de fois. Puis il fabrique deux objets d’une part le shinganae, un volume d’acier creux et d’autre part le Kawagane ou acier plein. Kawagane est plié maintes et maintes fois et fini par être dur et ductile. Dans les assemblages simples, une pièce Kawagane est pliée autour d’une pièce shinganae. Ainsi le shinganae permet à la lame de plier au lieu de casser à l’impact et le Kawagane quant à lui permet d’avoir un tranchant fabuleux. Des méthodes plus compliquées peuvent produire des épées faites avec 5 pièces d’acier différentes toutes forgées différemment. Le procédé de pliage est suivi attentivement de très près pour contrôler l’uniformité et la teneur de l’acier en carbone. Un forgeron accomplie peut dire à l’œil et au dixième de pourcentage près la teneur en carbone de l’acier. Lorsque la lame du sabre est pliée convenablement, qu’elle est de longueur adéquate et qu’elle possède une courbe qui siée au forgeron, ce dernier dégrossit les défauts à l’aide d’une pierre polie et peaufine les détails. Puis vient le moment du polissage. Celui qui polie utilise successivement différentes pierres pour finir la lame. C’est lui qui est responsable du tranchant, mais ce n’est qu’une partie de son vrai labeur qui consiste à faire ressortir la beauté de ce qu’a produit le forgeron. Bien polie, la complexité de l’assemblage est alors révélée. Autrement, la lame est gâchée. Puis vient le tour du menuisier qui fabrique le saya (fourreau). Chaque saya est traditionnellement sculpté dans l’arbre nommé Ho. Il doit parfaitement épouser les formes de la lame. Par conséquent chaque saya est unique. Le bijoutier lui, fabrique le habaki, qui est ce petit morceau de métal situé entre le sabre et le fourreau et qui empêche la lame de tomber du saya. L’ouvrage est finit par différents artisans. Ils s’occupent de faire la Tsuba (garde main), la Tsuka (poignée) et le Menuki (l’ornementation). Combien peut-il y avoir de couches dans un sabre ? Des pliages et repliages successifs, il en résulte un nombre de couches qui dépends strictement du forgeron lui-même. Shinganae est généralement plié10 fois, il en résulte 1000 couches différentes. Kawagane est plié de 12 à 16 fois, c’est selon le type d’acier et le forgeron, ce qui produit un nombre de couches allant de 4000 à 65000 !!

Le voyage

Tous les japonais se déplacent à pied. Seuls les nobles et les bushis en mission officielle ont le droit de chevaucher sur les routes. Le palanquin est une autre solution, plus rapide et le voyageur est alors porté de relais en relais.

Lorsque passe le cortège d’un seigneur, les roturiers se prosternent dans la poussière. Leur tête doit toucher le sol. Les bushis doivent montrer la même déférence envers la suite d’un noble. En fait, même les chefs de clan les plus puissants sont encore d’un rang inférieur aux nobles impériaux et doivent s’agenouiller quand l’un d’eux se déplace (en revanche, les nobles sont souvent beaucoup plus pauvres que les seigneurs. Un noble peut parfaitement extorquer de l’argent à un seigneur en le menaçant de faire un voyage en même temps et au même endroit que lui. Cela obligera le seigneur à s’humilier fréquemment et le ralentira d’autant ...

Les voyageurs ont le droit de porter un Wakisashi lorsqu’ils vont d’une ville à l’autre. En ville, ils doivent laisser leurs armes à l’auberge ou l’attacher de manière à ce qu’elle ne puisse être dégainée brusquement. Tous les voyageurs reçoivent un permis de voyage dans leur village ou quartier de départ. C’est une petite plaque en bois, qu’ils doivent montrer aux aubergistes et aux fonctionnaires aux frontières des provinces. Seuls les soldats des armées impériales ou seigneuriales portent des armures. Toutes les grandes villes sont protégées par des murailles. Les portes sont fermées de nuit et ne seront ouvertes que si les gardes sont convaincus qu’il y a une urgence majeure (pour la ville, pas pour le voyageur).

Il est illégal de voyager de nuit sans lanterne allumée. Si vous courez ce risque, un garde peut parfaitement vous tuer en pensant avoir affaire à un criminel... Vous êtes mis en garde !!

Lois somptuaires

Les lois somptuaires des Tokugawa couvraient à peu près n’importe quel type de dépense. Les bushis n’avaient pas le droit de porter de soie violette sans la permission de leur seigneur. Les roturiers n’avaient pas droit du tout à la soie. Les palanquins ne pouvaient servir qu’aux nobles, aux seigneurs et à leurs parents, aux médecins, aux devins, aux prêtres, aux malades et aux personnes âgées. Si un bushi se déplaçait en palanquin, son seigneur était considéré comme responsable. Même la somme d’argent qu’un homme pouvait donner en dot à sa fille ou dépenser lors du mariage de son fils était strictement codifiée à partir des revenus et de la classe sociale de la famille. En pratique, les gens riches trouvaient toujours des moyens de dépenser leur argent sans attirer l’attention du gouvernement. Un otokodate pouvait porter un kimono de coton vert, avec une fine bordure de soie rouge cerise. Aux époques difficiles, le gouvernement se servit des lois somptuaires pour diriger la colère du peuple sur les riches marchands et, en particulier, les prêteurs sur gages. Leurs richesses furent confisquées en punition de leur extravagance et les dettes qu’on leur devait furent annulées.

Saviez vous que la mesure architecturale médiévale japonaise se nomme le Ken ou l’homme endormi, 1,92mètres. C’est ainsi que deux piliers voisins devaient être séparés d’au moins un Ken ainsi que la hauteur des lieux. C’était la mesure universelle. Les tatamis firent ainsi 1 Ken de long sur 1 demi Ken de large et la base architecturale, cubique.

Les jolies petites filles sont souvent vendues aux maisons de thé, où on leur apprend à devenir courtisanes (et serveuses). Une jeune fille douée et intelligente peut convaincre son employeur de la laisser apprendre les compétences artistiques qui feront d’elle une geisha (littéralement : “personne-art”). Les maisons de thé se trouvent dans un quartier séparé de la ville. Les femmes ne sont pas autorisées à en sortir à moins d’avoir l’autorisation du propriétaire de leur contrat. Les bushis qui pénètrent dans ce quartier doivent laisser leurs épées aux gardes de l’entrée. Cette mesure est destinée à les empêcher de se battre pour une femme.

Certaines de ces filles Sont des paysannes vendues aux époques de famine, D’autres sont les enfants ou les jeunes épouses de joueurs pauvres qui les ont perdus aux dés. Parfois, une femme issue d’une famille de bushi peut se vendre elle-même, afin de récupérer l’argent nécessaire pour sauver l’honneur de a famille. C’est considéré comme une action très honorable, généralement accomplie malgré les protestations des membres masculins de la famille.

Le contrat d’une enfant roturière rapporte 50 pièces d’argent au vendeur, celui d’une roturière adulte 80 pièces d’argent et celui d’une bushi 200 pièces d’argent. Le contrat d’une courtisane expire lorsqu’elle atteint trente-cinq ans. Ceux des geishas sont valables vingt-cinq ans.

Le contrat d’une femme est parfois racheté par un de ses amants, ce qui lui permet de l’épouser. Il est très difficile d’économiser pour racheter son propre contrat. Fn effet, le propriétaire du contrat prélève 90% de ce que gagne la courtisane pour payer sa chambre, ses leçons et ses vêtements. Ce qui reste est essentiellement dépensé en parfum et bijoux.

Le contrat d’une courtisane roturière coûte 200 pièces d’argent, celui d’une geisha roturière 400 pièces d’argent et celui d’une geisha bushi 500 pièces. Le contrat d’une courtisane ou d’une geisha à la mode peut coûter dix fois plus, en fonction de Sa réputation. C’est à peu près l’équivalent de la dot d’une fiancée.

L’un des éléments architecturaux les plus caractéristiques des temples et palais japonais c’est le torii ou tori. Ce sont une sorte de portail monumental situé devant le temple ; planté parfois dans un lac ou jaillissant de la mer, il est toujours en bois, quelque fois peint en rouge ; il indique l’entrée de l’enceinte sacrée. Une aimable légende prétend que la déesse Amaterasu, irritée contre sa descendance et s’étant retirée dans une grotte pour y bouder tout à son aise, n’avait consenti à quitter son refuge et à rendre aux hommes l’éclat du soleil qu’à l’appel d’un coq obstiné à chanter du haut de son perchoir … qui fut le premier torii. Un autre élément décoratif de l’enceinte religieuse est une grosse corde de paille tressée, souvent ornée de pompons, eux aussi en paille, et qu’il convient de ne pas franchir si l’on n’a pas rempli certaines conditions, notamment de purification ou d’éviction des nombreux tabous qui frappent indifféremment hommes ou femmes – encore que les femmes soient plus fréquemment impures quel les hommes.

La vendetta légale

Elle ne peut être demandée qu’aux autorités du secteur et pour la mort d’un proche du demandeur. Le bien-fondé de la demande ne compte pour rien, seul le statut social du demandeur compte dans la balance. Mais une règle essentielle doit être observée, le vengeur doit être de statut social égal ou inférieur à celui pour qui il veut rendre justice (un seigneur ne pourra pas chercher à venger un de ses fidèles bushi). Dès que le katakuichi a la bénédiction des autorités, le vengeur ne peut plus revenir chez lui sans la preuve de sa réussite. La permission doit être enregistrée dans la province où réside la personne visée. Mais attention ! Si le katakuichi est refusé, le vengeur ne pourra jamais mettre les pieds dans cette province dans ce seul but. Le vengeur devra déclarer tous ses faits et gestes ainsi que toutes informations pertinentes sur l’avancée du katakuichi. Au cas où cette dernière chose serait mal administrée ou pas administrée du tout, le vengeur pourrait être exposé à une accusation de meurtre, ce qui pourrait compliquer considérablement les choses ! (les vengeurs de la caste bushi sont rarement inquiétés à ce sujet) Pour que le katakuichi soit valide, il faut absolument que se soit le vengeur lui-même qui tue la cible, même si la cible meurt d’un accident, le katakuichi est considéré comme raté. Toutes procédures d’héritage peuvent rester lettres mortes tant que le meurtrier d’une victime est encore en vie.

Seppuku est le suicide rituel pratiqué par les bushi. Ces derniers considéraient le seppuku comme un privilège de caste. Tandis que Hara-kiri est une forme de seppuku réservée aux petites gens suffisamment courageuses et de basses classes. Systématiquement, le bushi doit demander l’autorisation à son seigneur pour le faire. De nombreuses raisons peuvent pousser un bushi à cela. L’une d’elle, poignante, mais bien réelle, consistait à pratiquer le seppuku lorsque, ne pouvant déroger au devoir de loyauté envers son seigneur et ne pouvant se permettre de faire des remontrances à cause d’un comportement irresponsable de ce dernier, le bushi se donnait la mort en signe de protestation, une forme de gage d’absolue loyauté et de don de soi ultime nommé Kanshi (évidemment, ici, l’autorisation n’est pas demandée). Lorsque ce type de seppuku était pratiqué par un fidèle et vieux bushi du clan, cela avait des répercutions particulièrement efficaces chez le seigneur, mais quelque soit le personnage, le kanshi reste très bien vu. Le seppuku est donc un moyen honorable d’échapper à une perte d’honneur ou de crédibilité trop insoutenable face au giri (Devoir), il reste un bon moyen de sauver la face et de quitter ce monde avec un honneur restauré. Les conflits existentiels qui poussaient les bushi au seppuku consistaient souvent en l’obligation de commettre une action amenant une honte insupportable, alors que ne pas la commettre serait déshonorant et un refus patent de soumission. Chercher à échapper à une mort déshonorante ou à la capture sur un champ de bataille peut prendre cette forme (dans ce cas, la cérémonie est des plus courtes). Les bushi coupables de méfaits étaient généralement conviés à se faire seppuku. Quant au Funshi, c’est un type de seppuku pratiqué par les bushi qui ne peuvent assouvir leur besoin de vengeance du fait qu’ils ne peuvent atteindre physiquement leur ennemi. Ce dernier se fait en public. Suite au Funshi, lorsque la famille du bushi fait une demande de Katakuichi contre cet adversaire, il est rare que la vendetta soit refusée par les autorités. Il existe aussi le Junshi, qui est un suicide que tous les bushi de la maisonnée s’infligent lorsque leur grand seigneur meurt. Ils préfèrent suivre leur maître plutôt que de lui survivre. Les dames bushi par contre pratiquaient le Jigaï, une variante du seppuku qui différait dans la forme de la cérémonie, puisqu’elles se nouaient les chevilles pour garder une posture élégante même dans la mort et se tranchaient la gorge par la suite au lieu du ventre. Alors que les hommes, après s’être recueillis, utilisaient un tanto ou le wakizachi et pratiquaient les trois incisions. Ces dernières commencent au niveau de l’estomac jusqu’au foie, vers le haut et enfin en diagonale vers le cœur. Un second tranchait la tête du bushi pour éviter toute manifestation intempestive et déshonorante de douleur ...

Tuer et s’en aller ! Voilà succinctement exposée cette coutume qui était dévolue une fois encore au bushi. Ce dernier avait le droit de tuer un heïmin ou un eta (intouchable) si ce dernier présentait un comportement inapproprié, une attitude incorrecte ou "commettait" une action que le bushi estimait répréhensible (un air bourru par exemple). De fait, la chose reste très relative. Mais les lois du clan dominant où se trouve le bushi peuvent l’en empêcher (rarissime) ou relativiser les choses en faisant juger l’heïmin ou l’eta fautif. Évidemment, toute personne à le droit de se défendre, ce qui veut dire que si jamais un bushi, suite à un kirisutegomen se fait battre par un heïmin ou un eta, la honte sera difficilement supportable (s’il est encore vivant). Cela veut dire aussi que, même si l’heïmin ou l’eta se fait convoquer par les autorités locales pour enquête, il ne sera pas inquiété outre mesure parce que ce bushi n’était finalement pas digne de porter son titre. Cependant, si un climat de révolte couve et si les bushi estiment que c’est un affront fait à la caste des bushi toute entière, il se peut qu’ils condamnent l’heïmin (généralement une condamnation à cette époque était presque toujours un arrêt de mort). Mais ils ne peuvent ignorer les règles du katakuichi n’acceptant comme vengeur que les personnes de rang inférieur ou égal au statut du mort. Et puis qui sait, l’heïmin est peut être plus fort que l’on croit !? Bref, les conséquences dépendent des forces en présence et de l’atmosphère sociale toute entière.

La cérémonie du thé

Rapide Historique.

Dans le Budô-Shoshin-Shù il est indiqué que le Bushi doit savoir faire la cérémonie du thé. Cette cérémonie fut codifiée sous sa forme moderne au Xvème siècle par le Shogun Ashikaga-Yoshinasa, par contre le thé est utilisé par les japonais depuis le VIIIème siècle. Après avoir repoussé l’invasion mongole de 1281, elle devint une religion de l’art de la vie et fut le prétexte du culte de la pureté et du raffinement. La cérémonie s’effectue dans la "Chambre de Thé", endroit considéré comme étant une oasis dans le triste désert de l’existence (c’est beau comme définition, elle n’est pas de moi mais de Okakura Kakuzo).

La Chambre de Thé.

Les japonais l’appellent le Sukiya ce qui signifie la Maison de la Fantaisie, quant il s’agit d’un pavillon fait à l’extérieur de la maison. Cette construction doit être entreprise par un expert en charpente spécialiste en Sukiya. Un tel lieu coûte 3 fois plus cher qu’un pavillon normal. Quant la Chambre de Thé est aménagée à l’intérieure de la demeure elle s’appelle Kako (traduction : enclos). Le Sukiya doit donner l’impression de la pauvreté raffinée (c’est un comble vu le prix), il est meublé par un Tokonoma (sorte de petit autel) où trône un bouquet, un vase ou une peinture. Cet unique objet d’ornement doit être changé à chaque fois que revient un invité, oublier ce détail ferai passer votre Bushi pour un primitif indigne d’être fréquenté. La porte est très basse et oblige à s’incliner en entrant. Il ne doit jamais y avoir plus de 5 personnes dans le Sukiya. La Chambre de Thé est prolongée par une antichambre appelée mitsuya, où se trouvent les 24 instruments nécessaires à la cérémonie. Un portique (mashiaï) indique l’endroit où attendent les invités. Ces derniers doivent marcher sur le roji (allée) qui abouti au Sukiya.

La cérémonie.

Les invités attendent sous le portique, ils profitent de ce moment pour établir l’ordre d’entrée. Les Bushis déposeront leurs sabres sur le râtelier situé à l’extérieur, près de la porte. Après avoir franchi le seuil ils salueront le Tokonoma. Tout le monde s’assied et la cérémonie peut commencer. Une telle cérémonie est source de prestige pour celui qui l’organise, elle permet d’approcher des dignitaires qui pourront vous être utile au cours de vos aventures, l’investissement dans la construction d’un Sukiya donne un bonus de 20 % au joueur qui demande plus tard à l’un de ses invités une faveur ou un renseignement confidentiel pouvant se révéler important pour la suite de l’aventure. Si votre personnage est invité à une cérémonie et qu’il respecte le protocole, il bénéficiera d’un bonus de 10 %. Cette façon d’agir peut se révéler aussi efficace que le recourt à la corruption et est nettement moins dangereux.

Le théâtre

Le japonais du moyen âge est un grand amateur de spectacles, les marionnettes, les acrobates et les jongleurs attirent les foules. Le théâtre est aussi très apprécié, surtout le Nô, qui est fréquenté par les lettrés. le théâtre Kabuki est apparu en 1603, il est très populaire mais pas du tout du goût des Bushis. L’acteur occupe le rang le plus bas de la société japonaise. Un théâtre Nô est souvent construit dans la cour des temples, il a toujours les mêmes formes. La scène est surélevée d’environ un mètre et est constituée de deux parties distinctes ; d’une part le plateau (butai) de forme carrée de 3 Ken de coté (1 ken = 1,92 m) prolongé au fond par un espace de 1 Ken sur 3, et d’autre part un pont (hashigakari). l’ensemble est couvert par un toit supporté par des piliers qui servent en plus de repère pour les acteurs. Trois pins sont plantés devant le pont dans le même but. Un acteur de Nô porte un masque qui limite beaucoup son champ de vision. Sous la scène se trouvent d’énormes jarres destinées à servir de caisses de résonance aux appels de pied. Les acteurs de Nô peuvent très d’excellents espions et souvent ils peuvent fournir des renseignements intéressants aux aventuriers qui auront réussi à gagner leur confiance.

Les différents types de personnage d’une troupe de Nô sont :

Le Shite (celui qui agit) est l’acteur principal, est un excellent mime et un très bon danseur. Très entouré il est difficile de l’approcher surtout si le personnage est de condition relativement modeste.

Le Waki (celui du côté) est le deuxième acteur de la pièce, il est aussi très entouré mais il est un peut moins dur à rencontrer que le Shite.

Le Tsure (suivant) a souvent un rôle modeste à tenir, ce qui le rend plus accessible.

Le Tomo (compagnon) est dans la même situation que le Tsure.

Le Kyôgen (acteur comique) intervient entre les scènes et pendant les changements de costumes. Il est souvent méprisé par le public, ce qui en fait un être aigrit et par conséquent il est l’acteur le plus facile à joindre. Il faut tout de même faire attention pour ne pas être vu en public avec lui, cela risquerait de nuire à l’image de marque de votre personnage, surtout si il est Bushi.

Les musiciens sont au nombre de 3 ou 4 suivant la pièce. Il y a une flûte et des percussions, ils n’ont qu’un rôle d’accompagnement et sont des personnages discrets.

Les choristes sont 4, 8 ou 12 et sont dans la même situation que les musiciens.

Le Koken (surveillant) ne participe pas à la pièce. Il est seulement là pour veiller à ce que tout se passe bien (personnage très discret).

Passage de frontière

les heïmins et toutes les castes qui leur sont inférieures doivent posséder une autorisation du daïmyo en personne pour sortir de leur province. Car comme dans notre moyen âge, les serfs comme les heïmin ne sont pas autorisés à partir. Ils sont propriété du maître des lieux. Et comme telle, ils ne doivent rien faire de moins que sa volonté. Les routes étaient souvent bloquées par des barrages de bushi inférieurs très nombreux. Ils contrôlent tous les passants et n’accorderont pas d’autorisation de passage à qui n’est pas capable de justifier sa venue par un laissez-passer. Ces barrages de police étaient si nombreux que parfois -et s’en était ridicule- il est déjà arrivé que sur sept kilomètres de distance 200 postes de contrôle soient présents. Fort heureusement un tel déploiement de force n’est pas chose courante.

Le mariage

ACTE I

C’est un entremetteur qui se charge des premières démarches en vue d’une union légitime : il parle au jeune homme et à ses parents d’une jeune fille dont il connaît la famille et qui serait susceptible de convenir, comme épouse principale ou secondaire, au futur chef de famille qui n’a que très rarement son mot à dire en la circonstance. Il arrive parfois, mais très rarement, que le fiancé en puissance ait pu apercevoir une silhouette, ou plutôt un kimono aux couleurs tendres pour lequel son cœur a battu un peu plus vite. Avec ou sans intermédiaire, le premier acte du jeu amoureux est épistolaire : le prétendant adresse à la jeune fille une lettre soigneusement calligraphiée où il exprime, le plus souvent en termes très conventionnels – comment faire autrement quand on ignore à qui on s’adresse – les sentiments qui l’agitent. Cette première missive doit obligatoirement être suivie, dans des délais très courts, d’une réponse de la belle. Le jeune homme et sa famille se livrent alors à de délicates analyses graphologiques. Il s’agit de voir, dans la transparence des caractères tracés au pinceau, à qui l’on a affaire. Il faut croire que les graphologues amateurs et familiaux s’attachaient plus à l’art calligraphique qu’à la psychologie dévoilée par le trait, car il arrivait souvent que le scripteur le plus habile de la famille (souvent le grand père) « prenne la plume » en lieu et place de la timide fiancée, moins experte dans l’art de manier le pinceau.

Si le jugement épistolaire est défavorable, les ponts sont coupés de suite, sans amertume de part et d’autre ; s’il est favorable, le jeune homme va passer au second acte.

ACTE II

Le plus tôt possible le jeune homme va se rendre à la dérobée chez l’élue de son cœur. Cette visite n’aura d’ailleurs qu’un caractère clandestin tout relatif. La maison japonaise est ouverte, sonore ; la chambre de la jeune fille n’est qu’à peine isolée des chambres voisines par des écrans (soji) qui balancent au vent de la nuit et, de toute façon, la famille est au courant. Pendant cette première nuit, les jeunes étourneaux ne devront guère dormir (expérience prénuptiale très originale, puisque je parle ici de coutumes datant de l’an mille environ), ils deviseront sur le mode romantique et mélancolique et l’aube arrachera quelques sanglots de pure convention à l’heureux garçon qui devra avoir quitté la maison « dans le plus grand secret » (là je ris toujours !). De retour chez lui, avant même de prendre le moindre repos, il lui faudra rédiger « la lettre du matin suivant ». Il n’aura guère d’efforts imaginatifs à faire, la tradition exigeant qu’il soit question de chagrin, d’impatience, d’ennui, des longues heures qui doivent encore s’écouler avant la prochaine nuit … Un court poème peu original complétera le message, on y comparera la taille de la jeune fille à la branche flexible d’un saule, son teint à la fleur printanière du cerisier, son regard à la transparence d’un lac de montagne. L’essentiel est de vite remettre la lettre. Le messager était souvent copieusement reçu par la famille de la jeune fille, abreuvé et comblé de présents. Souvent les amis se disputaient l’honneur de servir de messager. Avant de partir, il recevra un lettre de la jeune fille pour l’heureux élu.

ACTE III

Le second soir, même visite aussi peu secrète. On tâche de varier un peu les termes de la deuxième lettre cette fois. Puis vient la troisième nuit nommée « proclamation de l’événement ». Les jeunes gens vont trouver dans la chambre de la jeune fille deux gâteaux de riz confectionnés par la mère de la future mariée. S’ils les acceptent et les mangent, alors le mariage est considéré comme accompli dans le domaine religieux (qui est le seul de l’époque). Puis le chef de famille adresse aux époux une lettre de félicitation. Le jeune homme est désormais de la famille et peut rester dans la demeure de la famille de la jeune fille tandis que l’on prépare le banquet qui aura lieu le soir même. A ce banquet assisteront les amis du jeune homme, mais pas ses parents ( !), il fera alors connaissance avec les parents de son épouse qu’il ne connaissait pas encore…

Vêtements

Si les paysans de l’ancien Japon portaient un costume extrêmement simple et, comme nous dirions, fonctionnel, il n’en était pas de même des nobles et des gens de cour dont une étiquette fort rigoureuse réglementait la garde robe, celle-ci constituait en quelque sorte une carte d’identité précise qui permettait, d’un coup d’œil, de déterminer a rang, parfois même la fonction du noble seigneur ou de l’imposant guerrier qui l’arborait. Les paysans étaient presque uniformément vêtus de bleu, de violet ou de rouge, teintes extraites économiquement de diverses graines ou racines de plantes communes. Sur un pantalon de toile ajusté à hauteur du mollet afin qu’il ne gêne pas la marche ou les travaux dans la rizière, ils portaient une blouse parfois recouverte d’une veste ou, en hiver d’une vaste cape de paille. De paille également étaient faites les bottes que chaussaient les habitants des régions aux hivers enneigés. Sur la tête, les gens du peule portaient une sorte de bonnet de couleur noire. La plupart du temps ils allaient nu-pieds ou, si la route était longue, ils disposaient de sandales de paille retenues par une lien passé autour de gros orteil. Les socques de bois que nous connaissons par les photos ou le cinéma n’étaient utilisés que lorsque la pluie transformait les routes et les rues en bourbiers ; il convenait alors de surélever la chaussure par ces deux plaquettes transversales qui nous paraissent barbares mais sur lesquelles, avec un peu d’entraînement on parvient à marcher. Les paysannes portaient quant à elles un costume qui n’a que très peu changé si on le compare au costume japonais traditionnel d’aujourd’hui : un kimono dont les pans sont croisés et retenus à la taille par une ceinture ; parfois quand il y avait lieu de protéger le kimono, on enfilait une sort de jupe que l’on fixait à la ceinture. Pour travailler aux champs, homme et femmes, lorsque le soleil était ardent, réduisaient au maximum leur costume et travaillaient torse nu. Par contre dans une société aussi sévèrement hiérarchisée, les costumes des nobles ou des fonctionnaires témoignaient d’une recherche et d’un raffinement autrement complexes. D’une manière générale, s’il était courant qu’un riche citadin confiât à son costume le soin de suggérer son rang à la cour ou le degré de ses richesses, c’était toujours. Avec un goût très sûr et un sens de l’esthétique bien propre à cette nation dont les plus grands peintres ne répugnèrent jamais à tracer de quelques coups de pinceaux le vol d’un oiseau ou les branches tourmentées d’un pin sur le kimono de soie fine d’un dignitaire de la cour. Voici par exemple ce que fut le costume d’un dignitaire japonais du XIIème siècle – un édit datant de 1212 fut tout spécialement promulgué pour définir en détail les normes de ces tenues de cérémonie. Sur un, ou plusieurs pantalons très larges, les hommes enfilaient de nombreuses robes de dessous, à manches courtes, et de dessus, à manches longues ; cela dépendait du rang et de la saison : l’hiver, le nombre des robes était plus nombreux et celles-ci plus soigneusement doublées, voire ouatinées. En été, on diminuait le nombre de le poids de ces volumineuses parures qui les jours de cérémonie, devaient obligatoirement comporter une traîne blanche, parfois doublée de soie colorée. Dans la maison ou le palais, pour ne pas endommager les tatamis, l’homme quittait ses chaussures, sortes de socques fermés semblables à des sabots et doublés de ouatine, il tirait un peu sur les pantalons et glissait ses pieds à l’intérieur afin de ne pas les mettre en contact avec le sol : le bas du pantalon servait alors de pantoufles d’intérieur.

Les robes

Il n’en allait pas de même des robes : soigneusement définies en fonction de l’appartenance à l’un ou l’autre des dix rangs de noblesse. Seuls les membres des cinq premiers rangs appartenant à la noblesse dite de cour, avait couramment accès à la salle d’audience impériale et voyaient leurs enfants admis à l’université. L’un des personnages des romans de cette époque se lamente fréquemment sur la couleur verte de sa robe qui est celle du 6ème rang auquel il appartient. Notons en passant que les détails les plus insolites ; en dehors de la tenue vestimentaire, étaient régis par une étiquette impitoyable et parfois indiscrète. A la hauteur du portail de sa demeure et au style du carrosse que possède un seigneur on peut connaître son rang, de même qu’il suffit de jeter un coup d’œil appuyé sur son éventail pour compte les plis de cet important accessoire et en savoir long sur son propriétaire. 25 plis le classent dans les trois premiers rangs, 23 le relèguent au 4ème et douez le précipitent vers l’humiliation des 6 dernier rangs. Définie au départ par la naissance, cette hiérarchie s’assouplira par la suite et il sera possible de gravir un échelon ou deux vers les rangs supérieurs pour services rendus à l’empereur.

Le chapeau

C’est l’accessoire que les hauts dignitaires ne quittaient presque jamais il renseigne sur le rang de celui qui le porte : c’est le chapeau de soie laquée ou kammuri. Enserrant le front, il se compose d’une calotte assez étroite munie à l’arrière d’une sorte de tube à l’intérieur duquel on enferme la touffe de cheveux du dessus de la tête. Deux queues plates, souvent tressées en crins de cheval, sont fixés à l’arrière de la calotte. Dans certains cas on les laisse pendre dans le dos, parfois elles sont fixées au tube vertical. Il était fort inconvenant qu’un noble japonais fut aperçu sans son kammuri. Il lui arrivait de la conserver pour dormir, le petit oreiller de bois permettant de maintenir en équilibre ce délicat échafaudage. Là encore, c’est la couleur qui détermine le rang, et vice versa ; en partant du sommet de la hiérarchie on passait du violet foncé et clair au vert foncé et clair, puis au raisin foncé et clair pour arriver au noir tout au bas de l’échelle.

Les nobles n’avaient grand chose d’autre à faire que leur toilette pour laquelle ils pouvaient passer des heures entières chaque jour.

Le repas du guerrier

Les guerriers faisaient partie d’une classe sociale pauvre. Ils ne percevaient bien souvent leur salaire que sous la forme de sacs de riz (1 koku = 1 boisseau = 12,5 litres). Le problème était de savoir comment le cuisiner pour ne point le consommer cru. L’une des recettes consistait à mettre les grains de riz dans un linge soigneusement noué, à faire tremper le dit paquet dans un ruisseau, puis à l’enterrer sous quelques centimètres de terre ; après quoi on allumait un grand feu au-dessus de ce four improvisé. Il s’agissait ensuite de déterminer approximativement le temps de cuisson, de déterrer le tout … pour bien souvent découvrir une pâtée carbonisée ou une galette trop dure pour être consommée. Quand le temps manquait pour tous ces préparatifs, il arrivait aux guerriers de croquer leur riz simplement ramolli dans l’eau pure. Fort heureusement, il fut vite admis que ces défenseurs de l’ordre et/ou des biens de leur seigneur et employeur auraient la permission de transgresser la loi bouddhique interdisant la consommation des aliments carnés.


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