Les Conteurs du Ponant

Les Aphorismes & Proverbes

Pensées à L5A

vendredi 15 juillet 2011 par Riddle

Pensées Japonaises

A la première coupe, l’homme boit le vin. A la deuxième coupe, le vin boit le vin. A la troisième coupe, le vin boit l’homme.

Apprend la sagesse dans la sottise des autres.

Aucune route n’est longue aux côtés d’un ami.

Ce qu’un homme ne dit pas est le sel de la conversation.

Celui qui confesse son ignorance la montre une fois ; celui qui essaye de la cacher la montre plusieurs fois.

Demander ne coûte qu’un instant d’embarras. Ne pas demander, c’est être embarrassé toute sa vie.

Il suffit parfois d’une heure pour acquérir une réputation qui dure mille ans.

Il y a toujours une guêpe pour piquer le visage en pleurs.

Jamais on n’a raison contre son seigneur ni contre un enfant qui pleure.

L’absent s’éloigne chaque jour.

L’amour d’un père est plus haut que la montagne. - L’amour d’une mère est plus profond que l’océan.

L’eau prend toujours la forme du vase.

L’homme est le pin, la femme est la glycine ; la glycine s’enroule autour du pin.

La femme infidèle a des remords ; la femme fidèle a des regrets.

La louange est le commencement du blâme.

La vie est une bougie dans le vent.

Le bouddha ne pardonne que trois crimes.

Le malheur peut être un pont vers le bonheur.

Le miroir est l’âme de la femme comme le sabre est l’âme du guerrier.

Les généraux triomphent, les soldats tombent.

Les mots qu’on n’a pas prononcés sont les fleurs du silence.

Même la pensée d’une fourmi peut toucher le ciel.

On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite.

On commence à vieillir quand on finit d’apprendre.

On ne peut admirer en même temps la lune, la neige et les fleurs.

Toute rencontre est importante, car elle est peut-être unique.

Quand le caractère d’un homme te semble indéchiffrable regarde ses amis

Même un chemin de mille lieues commence par un pas

Ne pas perdre patience, même si cela semble impossible c’est déjà de la patience

Avec une crevette on peut pêcher un bon poisson

la moquerie des fesses du singe

L’espace d’une vie est le même qu’on le passe en chantant ou en pleurant

L’adultère ne cesse pas avec la calvitie

Dire adieu au monde misérable, être assis sur un lotus, c’est un rêve de celui qui aime

Le coeur des femmes et le ciel d’automne

La mort est une plume, le devoir une montagne

Se cacher la tête et laisser les fesses au dehors

S’il travaille pour toi, tu travailles pour lui

Mieux vaut quelque chose que rien

Une pierre, deux oiseaux

Habitué à sa soupe chaude, il souffle sur la salade de poisson cru

Attend la bonne nouvelle en dormant

La louange est le commencement du blâme

Aphorismes

Absurde / Logique / Raison

Toute impasse commence par un chemin.

De même qu’il ne saurait y avoir deux soleils, il ne saurait y avoir deux empereurs.

N’attendez pas d’une corneille qu’elle se mette à nager simplement parce que vous lui dites qu’elle est un poisson rouge.

Si, en vérité pure on a toujours raison de ne pas avoir tord, en réalité altérée on a souvent tort d’avoir raison.

Est−il préférable d’avoir de très gros défauts ou de toutes petites qualités ?

Un fait mal observé est plus perfide qu’un mauvais raisonnement.

Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point.

Le feu n’est pas ennemi de la lumière.

C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison !

Faire comprendre des choses complexes à des gens simples frise souvent l’abus de confiance.

L’enfant veut grandir vite, les parents veulent vieillir lentement.

Ne demandez pas à un chat d’aboyer.

Shinsei dit : mes fautes me viennent de mes parents ; mes vertus me sont propres. Quelle logique dans tout cela ?

Si on te sert du poison n’oublie pas de lécher l’assiette.

Plus il y a de lois, plus il y a de voleurs.

Il est difficile de retirer sa main de sa poche sans son bras.

D’être sans noyau, c’est un progrès pour la prune, mais du point de vue de ceux qui les mangent.

Ce n’est pas parce qu’en hiver on dit : "Fermez la porte, il fait froid dehors", qu’il fait moins froid dehors quand la porte est fermée.

N’exalte pas les hommes de mérite, on cessera de batailler. Ne fais nul cas des choses rares, on cessera de dérober.

Deux mendiants sont assis dans le froid. Le premier, un manchot dit : « J’ai froid aux pieds ». Le second, un cul−de− jatte, répondit : « Moi aussi ».

La certitude est la mort de la possibilité.

L’absurdité d’une chose n’est pas une raison contre son existence, cela en est plutôt une condition.

Ne devient pas un parent à la naissance de ton enfant ; deviens un enfant.

L’Empereur dit : « J’ai une question ». Shinsei répondit : « j’ai une réponse ». L’Empereur rétorqua : « Mais tu ne sais pas de quelle question il s’agit ». Shinsei répondit : « Tu ne sais pas de quelle réponse il s’agit ».

Qui pense élever une montagne creuse un puits.

Verser de l’eau froide dans le pot qui bout ne vaut pas retirer le bois du foyer.

Dépasser le but c’est comme ne pas l’atteindre.

Bien que trente rayons convergent au milieu, c’est le vide médian qui fait marcher le char.

Action / Impatience

Soit tout entier à ce que tu fais.

Quand tu manges, mange. Quand tu lis, lis. Quand tu manges et lis en même temps, mange et lis.

L’homme trop prudent attend qu’il soit trop tard.

La pensée et l’acte ne doivent faire qu’un.

Le feu est la vertu de la pureté dans l’action. Seule l’action libérée du poids de la pensée sera aussi pure que le feu.

Il y a une infinité de choses qu’on ne fait bien que lorsqu’on les fait par nécessité.

Beaucoup de mains abattent trop de travail.

Si tu dois marcher, marche. Si tu dois courir, cours. Ne tergiverse jamais.

Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.

La vie contemplative est souvent misérable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre.

Cinq fois deux font dix ; cinq plus deux font sept. Apprend en faisant.

Tous les arbres ne donnent pas de fruit.

Pendant que vous vous reposez, vos ennemis s’entraînent.

Que de choses il faut ignorer pour « agir » !

Si vous ne faites pas aujourd’hui ce que vous avez dans la tête, demain, vous l’aurez dans le cul.

Un débat sur l’art du kenjutsu : « Un homme, une épée, un coup. »− Kakita − « Deux mains » − Mirumoto.

N’utilise pas les deux mains si une seule suffit à la tâche.

Il est déjà suffisamment difficile d’être maître de soi−même : laisse les autres décider de leur sort.

Peux−tu tout voir et tout connaître en cultivant le non−agir ? Elève les êtres, nourris−les sans chercher à les asservir.

Fais chaque chose comme si tu n’avais rien d’autre à faire.

L’oiseau ne se demande pas comment il vole et, pourtant, oh ! il vole.

Une diversion n’est qu’une diversion, et rien d’autre.

L’homme patient apprend lentement. L’homme impatient pas du tout.

Prenez le temps de réfléchir ; mais quand vient le moment de passer à l’action, cessez de penser et allez−y. Mieux vaut se préparer à saisir une occasion qui ne viendra peut être jamais que d’être pris au dépourvu lorsqu’une occasion se présente.

Ambition

L’esclave n’a qu’un maître ; l’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune.

Ame / Karma

Le karma et les ombres nous suivent tous.

Vous pouvez réfléchir la lumière d’autrui, mais vous ne pouvez irradier que votre propre lumière.

Cent mille âmes, combien cela peut−il faire d’hommes ?

La pensée se forme dans l’âme comme les nuages se forment dans l’air.

Amis / Ennemis

Les vrais amis ne s’accrochent pas au passé : ils s’épaulent les uns les autres.

Puisqu’il faut avoir des ennemis, tâchons d’en avoir qui nous fassent honneur.

Tu peux laisser s’éloigner tes amis, mais garde des ennemis près de toi.

Quelque fort et vaillant que tu sois, il importe de compter parmi les amis un homme paisible.

Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil.

Il ne faut pas hésiter à faire ce qui détache de vous la moitié de vos partisans et qui triple l’amour du reste.

Aimez vos ennemis, ce n’est pas facile, mais pensez que ça va les emmerder.

Avant de pouvoir se lier d’amitié avec quelqu’un d’autre, il faut être ami avec soi−même.

Celui qui cherche un ami sans défaut, reste sans ami.

Pendant que vous vous reposez, vos ennemis s’entraînent.

Quiconque n’est jamais dupe n’est pas ami.

Avarice / Générosité

On ne fait un présent que dans l’espoir d’en recevoir un en retour.

Qui accumule en sa maison l’or et le jade, n’en pourra défendre l’entrée.

Bien / Mal

On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux qu’on aime. Le mal qui vient d’un ennemi ne compte pas.

Ce qui est au−dessus du bon est souvent pire que le mauvais.

La fin du bien est un mal, la fin du mal est un bien.

Les bons sont meilleurs que les justes. La taquinerie est la méchanceté des bons.

Chaque jour de sa vie, l’homme est son seul juge.

La promotion des grands sentiments engraisse les crapules.

Ne fais rien dans ta vie, qui te fasse redouter que ton voisin en prenne connaissance.

Pour être heureux, il faut beaucoup dormir et bien déféquer. L’insomniaque et son cousin germain, le constipé, sont les damnés de la terre.

Bonheur / Joie

Il n’y a pas de plus grand joie que celle que nous n’attendons pas.

Présente ton visage au soleil et jamais l’ombre ne viendra troubler ton bonheur.

Il s’attache toujours un peu de parfum à la main qui vous donne des roses.

Calomnie

Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage.

Choix

Shinsei dit : « Je ne suis que la coupe et le Tao est la fontaine. Quand tu n’as pas soif, ton esprit s’attache−t−il à la coupe ou à la fontaine ? »

Colère

A la troisième gifle, Shinsei lui−même s’énervait.

Compassion

Nous compatissons à la douleur uniquement quand c’est nous qui souffrons.

Confiance

Ne fais pas confiance à un homme sur la foi de ce qu’il a été ou de ce qu’il fera. Ne crois que ce qu’il est.

On peut à force de confiance mettre quelqu’un dans l’impossibilité de nous tromper.

Conseils

Il est toujours stupide de donner des conseils, mais en donner de bons est absolument fatal.

Courage / Héros

L’homme courageux n’a besoin d’aucune arme.

Le lâche ne connaît pas la vie. Le héros ne connaît pas la mort.

L’homme courageux n’a pas besoin d’être cruel.

Le charme de la mort n’existe que pour les courageux.

Celui qui met son courage à oser trouve la mort.

Il est difficile d’être courageux sans se faire méchant.

Le courageux a du courage et le brave aime à le montrer.

Le courage est comme un muscle ; nous le renforçons à l’usage.

Il faut avoir le courage de ses faiblesses.

Destin / Devoir / Voie / Avenir

Ne demandez pas une charge plus légère, mais des épaules plus solides.

Le devin ne fait que deviner le métal précieux dans la poche d’un imbécile.

Le devoir ce sont les droits que les autres ont sur nous.

Tout vient à point à qui sait bien attendre ce qui l’attend au tournant et qui lui pend au nez sans savoir d’où ça vient.

Vous êtes maître de chaque mot que vous prononcez.

Tout homme doit trouver la place que lui réserve la vie ou n’être qu’un pauvre hère perpétuellement insatisfait, jamais en paix, servant la discorde partout où il passe.

Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s’effrayer : ça passe.

La Voie est comme un Bol vide que nul usage ne comble.

Un chemin droit ne mène jamais qu’au but.

Dans la vie, il ne s’agit pas nécessairement d’avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes.

J’étais furieux de n’avoir pas de souliers ; alors j’ai rencontré un homme qui n’avait pas de pieds, et je me suis trouvé content de mon sort.

L’avenir est du passé en préparation.

Sous prétexte qu’ils ont l’avenir devant eux, les hommes vivent au jour le jour.

A celui qui ne sait pas vers quel port il navigue, nul vent n’est jamais favorable.

Connais−toi toi−même et tu connaîtras l’univers et les dieux.

Si on regarde dans la bonne direction, on n’a qu’à continuer d’avancer.

La voie qui peut s’énoncer n’est pas la voie pour toujours. Le nom qui peut la nommer n’est pas le nom pour toujours.

Difficulté / Problème

Il est extrêmement rare que la montagne soit abrupte de tous côtés. Un chemin droit ne mène jamais qu’au but.

Différer un problème, c’est lui donner le temps de croître.

Doute

Douter, c’est sortir d’une erreur, et souvent d’une vérité.

Education

On n’est correct qu’en corrigeant.

Eléments / Anneaux

Prenez l’eau comme modèle car l’esprit est conçu pour lui être semblable.

L’eau est à la fois profonde, forte et mouvante. Ce n’est qu’en comprenant la force de l’eau qu’un esprit peut être pur, profond, fluide et fort.

Le feu est la vertu de la pureté dans l’action. Seule l’action libérée du poids de la pensée sera aussi pure que le feu.

L’air est la présence insaisissable. Ce n’est qu’en comprenant les mouvements des vents que l’on peut comprendre les pulsations de son coeur et le monde qui nous entoure.

La terre est la vertu de la tolérance et de la tempérance. Ce n’est qu’en comprenant comment retenir sa force que l’on sait la libérer complètement.

Le vide arrive en dernier. I est à la fois le tout et le rien. Il est impossible de comprendre le secret du Vide ; il faut seulement le connaître.

On ne peut pas plus commander aux éléments qu’aux étoiles. Il faut apprendre à se mettre à l’écoute du chant du monde céleste. Une fois qu’on y est parvenu, il faut apprendre à danser.

Il n’existe aucun secret. Il est impossible de le comprendre. Le vide est tout et rien à la fois. Il est la danse des éléments.

Egoïsme / Excentricité

Un moine rentra chez lui et constata qu’on lui avait tout volé. Comme un compagnon essayait de le réconforter, i sourit et dit : « Pourquoi pleures−tu ? On ne m’a rien pris ».

Ne t’enfle pas, autrement la moindre piqûre te fera crever.

La singularité n’est un mérite que pour ceux qui n’en n’ont pas d’autres.

Celui qui agit comme tout le monde s’irrite nécessairement contre celui qui n’agit pas comme lui.

Envie

Plutôt que de se promener sur la rive et regarder le poisson d’un oeil d’envie, mieux vaut rentrer chez soi et ramener un filet.

Expérience / Erreurs / Risque

On en peut parler de la colère du lion tant que l’on n’a pas été entre ses crocs.

Il y a un temps où le risque de rester à l’étroit dans un bourgeon est plus douloureux que le risque d’éclore.

L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.

Mentionnez vos erreurs avant de corriger celles des autres.

Avoir de l’expérience, ce n’est pas avoir vieilli, c’est avoir vu, et l’on voit mieux jeune que vieux.

L’expérience fait l’art, l’inexpérience la fortune. On fait des découvertes en cherchant et des trouvailles par hasard.

Corrige rapidement tes erreurs. Car la plus grave des erreurs est de ne pas corriger ses erreurs.

Nous oublions aisément nos fautes lorsqu’elles ne sont sues que de nous. L’échec nous procure l’opportunité de recommencer plus intelligemment.

Famille / Clan

Un e poignée de trésors n’est que poussière comparée aux richesses que la famille d’un samouraï lui donne.

Flatterie

Le visage d’un homme n’est jamais si laid que lorsqu’il mendie des louanges. La gentillesse n’est jamais qu’une critique déguisée.

Ne flatte pas ton bienfaiteur.

Force / Faiblesse / Puissance

La pierre tombe sur l’oeuf, l’oeuf se casse. L’oeuf tombe sur la pierre, l’oeuf se casse. Il ne fait pas bon être un oeuf.

Quand la force est pure et libre, sa justice est sereine et son devoir rempli. La force de la montagne repose à sa base.

La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force.

L’emploi de la force est l’ultime refuge de l’incompétence.

L’homme fort dit : je suis. Et il a raison. Il est. L’homme médiocre dit également : je suis. Et lui aussi a raison. Il suit.

Futilité

A la cour comme à la mer, le vent qu’il fait décide de tout.

Générosité / Charité

Il est plus facile d’être généreux que de ne pas le regretter.

La charité a toujours soulagé la conscience des riches, bien avant de soulager l’estomac du pauvre.

Prendre avec simplicité, et lâcher facilement.

Guerre

Les animaux ont leurs prédateurs, les hommes la guerre. Tout n’est que guerre.

Celui qui ne connaît que l’épée ne peut connaître la véritable voie … ce qui doit être retenu des questions majeures comme mineures, superficielles comme essentielles.

Habitude

Toute habitude rend notre main plus spirituelle et notre esprit plus malhabile.

Hasard

Nul vainqueur ne croit au hasard.

Un homme tirait au sort toutes ses décisions. Il ne lui arriva pas plus de mal qu’aux autres qui réfléchissent.

Hiérarchie

La source désapprouve presque toujours l’itinéraire du fleuve.

Un chef est un homme qui a besoin des autres.

Homme

De toutes les créatures, l’être humain est la seule qui ait appris à discuter.

Cent mille âmes, combien cela peut−il faire d’hommes ?

Les hommes valent selon ce qu’ils exigent. Je vaux ce que je veux. C’est ce qui divise les hommes qui multiplie leurs différents.

On teste le métal au feu ; un homme à ce qu’il dit.

Le grand défaut des hommes est d’abandonner leurs propres champs pour ôter l’ivraie de ceux des autres.

Honneur

L’homme libre ne s’embarrasse de rien, même pas de l’honneur.

La promesse de la chenille N’engage pas le papillon.

Humilité

Si tu ne veux atteindre que les oranges des plus hautes branches, tu auras faim longtemps.

Il faut s’incliner pour porter secours à un homme à terre.

Le grand défaut des hommes est d’abandonner leurs propres champs pour ôter l’ivraie de ceux des autres.

Un samouraï est identique à un paysan aux yeux d’un oiseau.

Un homme peut tomber d’une échelle et s’écraser au sol, alors qu’une fourmi peut tomber de la lune et se remettre à marcher.

D’une natte, même neuve, sort de la poussière quand on la bat.

Si porter un katana fait d’un homme un samouraï, alors je devrais me planter des plumes dans le crâne afin de devenir un aigle.

Ignorance / Savoir / Superstition / Connaissance

Les idées précises conduisent souvent à ne rien faire.

La pensée se forme dans l’âme comme les nuages se forment dans l’air. L’ignorance se mesure à l’aune de la peur.

Ceux qui ignorent les secrets des ombres sont voués à une mort silencieuse, sans douleur et sans honneur.

D’une chose, extrais en le savoir de 1000 autres. Celui qui apprend les principes du Heiho pourra comprendre toutes les choses.

Je sais que je ne sais rien.

Si les conquérants et les visionnaires connaissent la victoire, c’est par la grâce de la Connaissance.

La Connaissance n’est pas un don des fantômes ou des esprits, ne peut être déduite des phénomènes, ni ne procède des bontés célestes : la Connaissance ne se transmet que par les hommes.

Bien poser les questions, c’est tout un art. Où tout dépend, bien sûr, de la réponse que l’on veut obtenir.

Le maître ne nous apprend rien d’autre que ceci, qu’il faut que chacun soit son propre maître.

Ton savoir n’est rien, si tu ne sais pas que les autres le savent.

La liberté commence où l’ignorance finit.

La plupart des gens doués ont appris à l’être.

Intelligence : faculté de reconnaître sa sottise.

Un homme sérieux a peu d’idées. Un homme à idées n’est jamais sérieux.

Tout le monde a des idées : la preuve, c’est qu’il y en a de mauvaises.

La superstition est le nom que donnent les ignorants à leur ignorance.

La préparation, c’est la prévention. Le peu que je sais, c’est à mon ignorance que je le dois.

Imitation / Ressemblance

Le cheminement de la vipère ressemble à celui de la couleuvre. Un lion qui copie un lion devient un singe.

Inconstance / Opportunisme

L’ombre se meut selon les désirs du soleil.

Si tu as plusieurs cordes à ton arc, elles s’embrouilleront, et tu ne pourras plus viser.

Si la girouette pouvait parler, elle dirait qu’elle dirige le vent.

Indifférence

L’indifférence donne un faux air de supériorité.

Langage / Parole / Ecrit

Ce qui est écrit ne représente pas ce qui est, mais juste ce qui est écrit.

Toutes les vipères ne se cachent pas derrière des rochers.

Liberté

La liberté commence où l’ignorance finit.

L’homme libre ne s’embarrasse de rien, même pas de l’honneur.

Tout ce qui a des ailes est hors de l’atteinte des lois.

La promesse de la chenille N’engage pas le papillon.

Vous m’appelez l’insoumis. Vous vous trompez, je suis mon propre maître.

Mensonge / Flatterie

Je pensais qu’aux louanges du fourbe tu préférais les moqueries d’un honnête homme.

Une louange n’offense personne, mais peut tromper beaucoup de gens.

Aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge.

La neige est une pureté menteuse.

Même un scorpion peut sourire.

Modestie

Ne t’enfle pas, autrement la moindre piqûre te fera crever.

Il plut si violemment que tous les porcs furent propres et tous les hommes crottés.

Ce n’est pas parce qu’il y a une rose sur le rosier que l’oiseau s’y pose : c’est parce qu’il y a des pucerons.

Plus brève est la flamme, plus vif est l’éclat.

Morale

La critique n’est jamais que de la gentillesse déguisée.

Nature

Le fruit mûr tombe de lui−même mais il ne tombe pas dans la bouche.

La belle pivoine ne sert qu’à flatter la vue ; la fleur du jujubier, quoique petite donne un bon fruit.

Orgueil / Arrogance

La hauteur de l’orgueil se mesure à la profondeur du mépris.

Le talent, c’est comme l’argent : il n’est pas nécessaire d’en avoir pour en parler.

Opportunisme / Arrivisme

Les arrivistes sont des gens qui arrivent. Ils ne sont jamais arrivés.

Optimisme / Pessimisme

Pars du postulat que tous les hommes sont des menteurs et qu’il pleuvra demain.

Paix / Calme / Contrôle

La vérité et la paix ne peuvent vivre sous le même toit : quand l’une est là, l’autre est absente.

Nombreux sont ceux qui recherche la paix, mais peu sont prêts à tuer pour l’atteindre, même s’ils ne doivent que se tuer eux−mêmes.

La rivière tranquille a ses rives fleuries.

Paresse

Il y a des travaux corrupteurs, mais l’oisiveté l’est davantage.

Pendant que vous vous reposez, vos ennemis s’entraînent.

Le Dragon immobile dans les eaux profondes devient la proie des crevettes.

Sans la paresse qui dissuade de pousser la méchanceté trop loin et la concurrence à son paroxysme, notre société ne serait pas vivable.

Paresse : habitude prise de se reposer avant la fatigue.

Passion

Les verres d’eau ont les mêmes passions que les océans.

Perfection

Je ne suis pas parfait ; tu n’es pas parfait ; et c’est parfait.

Peur / Lâcheté

Un bateau est à l’abri dans un port, mais les bateaux ne sont pas fais pour cela.

On peut tout faire par petits pas mesurés. Mais il faut parfois avoir le courage de faire un grand saut ; Un abîme ne se franchit pas en deux petits bonds.

La plus grande dispensatrice d’aumônes, c’est la lâcheté.

Plaisir

La plupart des choses qui nous font plaisir sont déraisonnables. Prudence

L’homme trop prudent attend qu’il soit trop tard.

La prudence n’est qu’une qualité : il ne faut pas en faire une vertu.

L’hésitation est mère de la défaite. Querelle

Après une bonne querelle, on se sent plus léger et plus généreux qu’avant.

Remords

A toujours regarder derrière soi, on finit par marcher en rond.

Le remords est, comme la morsure d’un chien contre la pierre, une bêtise.

Lequel vaut mieux : d’avoir des remords ou des regrets ?

Réputation

Il y a toujours cent personnes pour s’attribuer le mérite d’un seul exploit.

Réussite / Richesse / Pouvoir

Celui qui dans la vie est parti de zéro pour n’arriver à rien dans l’existence n’a de merci à dire à personne.

Qui veut faire de grandes choses doit penser profondément aux détails.

La vue d’un homme puissant nous pénètre de respect et de crainte. Il faut que nous soyons bien pervers !

Les petites rivières font les grands fleuves.

La facilité est ennemie des grandes choses.

Il arrive qu’à se placer haut pour mieux juger l’ensemble, on paraisse simplement vouloir prendre une place en vue.

Plus nous nous élevons, plus nous paraissons petits aux regards de ceux qui ne savent pas voler.

Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes.

Un homme riche ne l’est jamais assez pour consentir à l’être un peu moins.

L’argent qui corrompt tout ne laisse intacte que la misère.

Les rieurs ne régneront jamais.

Rien de tel que les faiblesses des grands hommes pour rassurer les petits.

La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.

La fortune ne paraît jamais si aveugle qu’à ceux à qui elle ne fait pas de bien.

Pour être un grand homme, il faut savoir profiter de toute sa fortune.

Nul vainqueur ne croit au hasard.

Seuls les grands hommes payent le prix de la grandeur alors que nous partageons tous les bénéfices.

Quiconque veut s’emparer du monde et s’en servir court à l’échec. Le monde est un vase sacré qui ne supporte qu’on s’en empare et qu’on s’en serve. Qui s’en sert, le détruit, qui s’en empare, le perd.

L’ongle qui dépasse est le premier qui casse.

Commence par faire la conquête de toi−même si tu veux conquérir le monde.

L’homme maître de soi n’aura pas de maître.

Qui veut devenir Dragon doit manger beaucoup de petits serpents.

Prétendre contenter ses désirs par la possession, c’est compter que l’on étouffera le feu avec de la paille.

Les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre.

Le pouvoir est patience ; avec du temps et de la patience, la feuille du mûrier devient soie.

Rire / Humour / Sourire

La peur craint le rire.

Redouter l’ironie, c’est craindre la raison.

Ne fais pas confiance à l’homme qui ne sais pas sourire.

Rien n’offense plus la colère que le rire.

Les rieurs ne régneront jamais.

Ce qui ne tolère pas la plaisanterie supporte mal la réflexion.

La taquinerie est la méchanceté des bons.

Sagesse / Idiotie

Enseigner, c’est apprendre deux fois.

La pensée et l’acte ne doivent faire qu’un.

Prenez l’eau comme modèle car l’esprit est conçu pour lui être semblable.

Le sage se garde de donner la parole aux idiots. Ils ne veulent jamais la rendre.

Seuls les bons professeurs forment les bons autodidactes.

Penser ne suffit pas : il faut penser à quelque chose.

La même chose souvent est, dans la bouche d’un sage, une naïveté ou un bon mot, et dans celle du sot, une sottise.

Le mot sage dit à un enfant, c’est un mot qu’il comprend toujours et qu’on ne lui explique jamais.

Un sage n’est pas là pour être compris : il est là pour faire comprendre.

La sagesse est d’être fou lorsque les circonstances en valent la peine.

La sagesse est à l’âme ce que la santé est pour le corps.

Moins le sage est intelligent, plus l’idiot lui paraît bête.

Quand le sage désigne la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt.

Un sage est un homme qui est à peu près certain.

Le stupide est un sot qui ne parle point, en cela plus supportable que le sot qui parle.

Tout est fécond excepté le bon sens.

L’avantage d’être sage, c’est qu’on peut toujours faire l’idiot, alors que l’inverse est totalement impossible.

Le sage gouverne par le non−faire. Il enseigne par le non−dire. Il ne refuse rien à la foule des êtres, mais il nourrit chacun sans se l’approprier.

Le diseur de bonne aventure ne peut prédire son propre avenir.

Les sages sont ceux qui changent d’avis avant les autres.

L’un demanda : « Qu’est ce que la sagesse ? ». L’autre lui répondit : « Qu’est ce qui n’est pas la sagesse ? ». Hantei demanda : « Quand tu ne seras plus, où trouverais−je une sagesse comme la tienne ? » Shinsei répondit : « Dans les gâteaux à base de farine de riz. »

Si le puits est mal creusé, le village mourra.

Le travail de la pensée ressemble au forage d’un puits ; l’eau est trouble d’abord puis se clarifie.

Le sage s’interroge lui−même, le sot interroge les autres.

Le sage assis va moins loin que l’idiot qui marche. Oui, mais le sage, lorsqu’il se lèvera pour se mettre en route, ira dans la bonne direction lui.

Silence

Il n’y a d’incontesté que le silence. De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent.

Société

Le grand inconvénient de la civilisation, c’est l’absence du danger.

Ce qui n’est pas utile à l’essaim n’est pas non plus utile à l’abeille.

Que toute loi soit claire, uniforme et précise : l’interpréter, c’est presque toujours la corrompre.

Sans la paresse qui dissuade de pousser la méchanceté trop loin et la concurrence à son paroxysme, notre société ne serait pas vivable.

Temps / Patience / Vieilesse

A qui sait attendre, le temps ouvre les portes.

Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient de la soie.

L’on craint la vieillesse, que l’on est pas sûr de pouvoir atteindre.

Avoir de l’expérience, ce n’est pas avoir vieilli, c’est avoir vu, et l’on voit mieux jeune que vieux.

J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais.

Il est bon d’être ancien et mauvais d’être vieux.

Différer un problème, c’est lui donner le temps de croître.

Le temps n’a jamais travaillé pour personne : il est à son propre compte, et il est clair qu’à la longue il ne réussit à personne.

Une pendule arrêtée donne l’heure exacte, deux fois par jour.

L’idiot ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres.

L’homme trop prudent attend qu’il soit trop tard.

Tout vient à point à qui sait bien attendre ce qui l’attend au tournant et qui lui pend au nez sans savoir d’où ça vient.

Vengeance / Justice

La route de la vengeance mène droit au soleil couchant. Il n’y a ni auberge où se reposer, ni détour. C’est une route longue et sanglante, qui ne s’achève que dans la tombe.

Quand la force est pure et libre, sa justice est sereine et son devoir rempli.

Aucun homme ne peut se reposer tant que le meurtrier de son père foule encore la terre.

Vérité / Honnêteté

En toutes choses les sots restent en deçà et les fous vont au delà de la vérité. L’erreur agite, la vérité repose.

Ce n’est pas le moindre charme de la vérité, qu’elle scandalise.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Il y en a d’autres, en plus grand nombre, qui ne sont pas meilleurs à entendre.

Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable.

Le naïf croit en la vérité, l’idiot n’y croit pas.

La vérité est une. Le mensonge est multiple. La partie n’est pas égale.

L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu.

Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges.

Ne dis pas simplement que toute chose est vraie. Reconnaît la vérité de toute chose ou reste silencieux.

Toute révélation d’un secret est la faute de celui qui l’a confié.

Qui n’a point la maladie du scrupule ne doit même pas songer à être honnête.

La vérité et la paix ne peuvent vivre sous le même toit : quand l’une est là, l’autre est absente.

C’est aux questions les plus simples qu’il est le plus difficile d’apporter une réponse.

Dis quelquefois la vérité, afin qu’on te croie quand tu mentiras.

Les vérités qu’on aime le moins à apprendre sont souvent celles que l’on a le plus de d’intérêt à savoir.

Un homme gravit une montagne pour rejoindre un temple dans lequel résidait un sage lui dit : « Je suis venu jusqu’ici pour trouver la vérité ». Le sage lui répondit : « Heureusement que tu l’a amenée avec toi ».

C’est le miroir qui révèle la plus terrible des vérités.

Le sage cherche la vérité ; l’idiot l’a trouvée.

Vie / Mort

Ne te soucie pas de toutes tes vies, seulement de celle que tu vis. Un monde à la fois.

Ceux qui ignorent les secrets des ombres sont voués à une mort silencieuse, sans douleur et sans honneur.

Le lâche ne connaît pas la vie. Le héros ne connaît pas la mort.

Celui qui met son courage à oser trouve la mort.

Les ronces et les épines poussent sur les traces des armées.

La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible.

On en peut vivre si l’on se cache de la vie.

Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les 16 heures. C’est un palliatif. La mort est le remède.

Le charme de la mort n’existe que pour les courageux.

La mort des autres nous aide à vivre. Mourir, c’est éteindre le monde.

Si tu as peur de la mort, n’écoute pas ton coeur battre la nuit.

La mort n’est, en définitive, que le résultat d’un défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir vivre.

Et si le bien qu’on dit toujours des disparus s’expliquait par la certitude qu’ils ne feront plus aucun mal ?

Ne cherche pas la signification de la vie, cherche seulement la vie.

Il est impossible de bien mourir à celui qui a vécu chichement.

Vivre chaque jour comme si c’était le dernier ; ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. Il n’y a qu’une chose certaine dans la vie, c’est qu’on la perd !

On craint mille morts, et l’on n’en vit jamais qu’une... Toute angoisse est imaginaire ; le réel est son antidote.

Retour le mouvement de la Vie, faiblesse sa coutume, toutes choses sous le ciel naissent de ce qui est, ce qui est ce qui n’est pas.

Ce qu’on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir.

Il n’existe guère que deux arts de vivre : l’un consiste à se mettre à la place des autres, l’autre à la leur prendre.

Dans une vie, l’important est de bien mourir.

L’essence de la vie réside dans la peur de mourir. Si cette peur disparaissait, la vie perdrait sa raison d’être.

Vieillesse

Cligne des yeux et quatre−vingt années vont passer.

Volonté

La volonté est à notre âme ce qu’est le coeur à notre corps.

Voyage

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveau paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.

Lao Tseu

Le jeu des circonstances

A Lou vivait un homme du nom de Che. Il avait deux fils. L’un aimait l’étude, l’autre aimait le métier des armes. Celui qui était porté, aux études offrit ces services au prince de Ts’i. Ce dernier accepta et le fit précepteur de tous ses fils. Celui qui était habile au maniement des armes s’adressa au roi de Tch’ou et offrit ses services. Le roi s’en réjouit et en fit son général. Grâce aux revenus des deux frères, toute la famille s’enrichit et, par leur rang, ils faisaient honneur à leurs parents. Che avait un voisin qui s’appelait Mong. Ce dernier avait aussi deux fils qui étaient également l’un un lettré, l’autre un soldat et ils vivaient dans une grande pauvreté. Mong fut pris du désir de posséder autant que la famille Che. C’est pourquoi il s’adressa à Che en s’enquérant des moyens d’une si rapide ascension. Les deux fils de Che lui contèrent tout conformément à la vérité. Sur quoi, un des fils de Mong fit une démarche à Ts’in pour offrir ses services comme lettré au roi de ce pays. Le roi de Ts’in dit : "Par les temps qui courent, les princes mettent toutes leurs forces dans la guerre. Leur intérêt se porte tout entier sur les armes et sur les approvisionnements. Si je cherchais à gouverner mon pays au moyen de l’amour et de la justice, ce serait là prendre la voie la plus appropriée pour trouver la ruine et la mort" Cela dit, il fit châtier le solliciteur, puis le relâcha peu après. L’autre fils se rendit à Wei pour offrir ses services au prince de la région. Ce dernier s’exprima ainsi : "Mon pays est faible, il est entouré par de grands États et j’aide les petits États : je suis ainsi la voie de la paix. Si je voulais me fier à la force de mes armes, je n’aurais pas à attendre longtemps pour consommer ma ruine. D’autre part, si je laisse partir cet homme indemne, il s’adressera au prince d’un autre royaume et me causera bien des ennuis" Sur quoi, il fit couper les pieds du solliciteur et on le transporta à Lou. Là, le père Mong et ses fils se frappaient la poitrine et accablaient de reproches le père Che. Ce dernier finit par dire : "Quand les circonstances sont favorables, on réussit. Dans le cas contraire, c’est la ruine. La voie que vous avez prise était la même que la nôtre, cependant l’issue en est différente. Cela provient de ce que vous n’avez pas trouvé le moment favorable, et non pas que vous l’avez manqué de votre propre chef. En outre, il n’existe pas dans le monde de principe qui soit valable en toutes circonstances, pas un acte qui soit mauvais dans tous les cas. Ce qui fut jadis en usage est peut−être rejeté aujourd’hui. Ce qu’on rejette aujourd’hui sera peut−être en usage plus tard. L’usage et le non−usage ne suivent pas de règle fixe. Comment exploiter une occasion, trouver le moment opportun, se plier aux circonstances, voilà ce qui ne dépend d’aucune recette. Il s’agit ici d’une certaine habileté. Si vous n’avez pas cette habileté, auriez−vous l’immense savoir de K’ong K’iou et l’adresse d’un Liu Chang, où que vous alliez, vous échouerez." Un conseil intéressé : « Un homme possédait un arbre desséché. Le père de son voisin dit : "Un arbre sec est de mauvaise augure." L’autre l’abattit bien vite. Alors le père du voisin le pria de lui céder le bois comme combustible. L’homme, alors, s’irrita et dit : "Le père du voisin n’avait pas d’autres intentions, quand il m’a conseillé, que d’avoir du bois à brûler. C’est pourquoi il m’a poussé à l’abattre. Mon voisin est un danger. Que faire maintenant ?" » Prendre le nom pour la chose : « Dans la région de l’Est, vivait un homme du nom de Yuan King−mou. Comme il se rendait en voyage, il faillit mourir de faim en cours de route. Un brigand de Hou−fou, du nom de K’ieou, le vit et lui apporta à boire et à manger pour le fortifier. Yuan King− mou se fortifia trois fois, et, revenant à lui, il dit : "Qui êtes−vous ?" L’autre répondit : "Je suis de Hou−fou et je m’appelle K’ieou." Yuan King−mou dit : "N’es−tu pas un brigand ? Quoi ! Un dépravé m’aurait nourri ? Mon sens de la justice m’interdit de manger de ta nourriture !" Alors, penché en avant, les deux mains au sol, il s’efforçait de tout vomir, mais il n’en sortait qu’un gargouillement. Sur quoi, on le vit s’affaisser et il mourut. Il est vrai que l’homme de Hou−fou était un brigand, mais nourrir un voyageur n’est pas un acte de brigandage. Que le voyageur se soit refusé à assimiler ce que son bienfaiteur lui offrait en le considérant comme le fruit du brigandage, c’est là un malentendu entre le nom et la chose. » L’homme et les singes : « À Song vivait un amateur de singes. Il aimait les singes et en possédait tout un troupeau. Il était capable de comprendre leurs désirs et les singes de leur côté comprenaient leur maître. Il restreignait sa propre nourriture pour satisfaire les singes, mais survint une disette et il dut diminuer la nourriture des animaux. Cependant, craignant que ceux−ci ne se rebellent, il leur dit d’abord avec ruse : "Si je vous donnais le matin trois châtaignes et le soir quatre, cela suffirait−il ?" Tous les singes se levèrent, furieux. Se ravisant, il dit alors : "Soit, vous aurez le matin quatre châtaignes et le soir trois. Sera−ce suffisant ?" Les singes se couchèrent satisfaits. C’est ainsi que les êtres, les uns habiles, les autres sots, se dupent les uns les autres. Le saint dupe, grâce à son intelligence, la foule des sots de la même façon que le fit l’amateur de singes qui dupa ceux−ci. Sans changer le nom, ni la chose, il sut les rendre furieux, puis joyeux. » « Tseu−Kong, fatigué de l’étude, dit à Tchong−ni : "Je désire trouver le repos." Tchong−ni dit : "La vie ne connaît pas de repos." L’autre reprit : "Alors, il n’y a pas de repos pour moi ? − Certes oui, dit Tchong−ni, regardes là dans ce champ ces tombeaux, et reconnais où se trouve le repos." Tseu−kong dit : "Grande est la mort, repos de l’homme supérieur, soumission des médiocres !" Tchong−ni ajouta : "Sseu, tu parles bien. Les hommes, en général, n’aiment parler de la vie qu’en termes de plaisir et ils oublient son amertume. Ils savent que la vieillesse est décrépitude, et ils oublient qu’elle apporte aussi la paix. Ils reconnaissent la tristesse de la mort et ils oublient qu’elle donne la paix." » Le voleur de hache : « Un homme perdit sa hache. Il soupçonna le fils du voisin et se mit à l’observer. Son allure était celle d’un voleur de hache ; l’expression de son visage était celle d’un voleur de hache. Tous ses mouvements, tout son être exprimait distinctement le voleur de hache. Bientôt, creusant son jardin, voici que l’homme trouve sa hache. Un autre jour, il revit le fils du voisin. Tous ses mouvements, tout son être n’avaient plus rien d’un voleur de hache. »


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